Si tout le monde s’accorde à peu près sur les films relevant de l’Elevated Horror, en tout cas sur ceux qui ont fait naître ce terme comme ceux d’Ari Aster (Hérédité), Robert Eggers (The Witch), Jordan Peele (Get Out) et Jennifer Kent (Mister Babadook), noms qui sont d’emblée cités dans cet article, il reste à mon avis un certain flou sur ce qui les caractérise (ambition formelle, thématique ou les deux), et surtout leur appréciation varie beaucoup… Y compris au sein des mêmes individus, qui utilisent parfois le terme comme repoussoir tout en adorant certains représentants du genre. En tant que lecteur de longue date des Cahiers du cinéma, j’ai forcément été intrigué par leur manière de l’accueillir. Mais bien évidemment, c’est un peu compliqué car la rédaction de la revue compte des personnalités aux goûts parfois très variés. Et il lui est arrivé maintes fois de passer à côté d’un phénomène, quitte à prendre le train en marche de manière parfois un peu gênante comme avec The Matrix. Ainsi, s’ils ont immédiatement suivi Peele, ils ont totalement zappé Hérédité (2018) avant de se rattraper en consacrant une grosse critique à Midsommar (2019). Ils n’en ont dédié qu’une courte, plutôt sévère, à The Witch (2015), et si les films suivants de Robert Eggers ont bénéficié de plus de place, les avis étaient plutôt (très) mitigés… Mais globalement, ils ont souvent ignoré ou trouvé surestimés la plupart des succès commerciaux du genre, comme It Follows (2014) – l’un des plus « anciens » mine de rien. Du moins l’un des premiers de cette tendance pas si nouvelle.
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