L’un des grands drames de la vie d’un cinéphile, c’est que même s’il lui reste toujours un nombre incroyable de films à découvrir (dont il n’aura sans doute le temps de voir qu’une fraction), il devient de plus en plus rare d’être vraiment transporté. Plus on en voit, plus on devient exigeant, et surtout les films deviennent de plus en plus prévisibles, même dans leur virtuosité. On se surprend du coup à rechercher des choses plus originales, audacieuses voire même bancales, pour y trouver le début d’un vertige. Mais c’est aussi un problème de curiosité. Certes, je ne suis pas du genre à voir et revoir mes films préférés – il y en a peu, même parmi mes favoris, que j’ai visionné plus de trois, quatre fois – mais j’ai tendance à regarder les œuvres de cinéastes réputés et que je connais souvent déjà, influencé comme tout le monde par la critique et les historiens qui tendent à identifier des auteurs. Alors bien entendu, cela permet aussi d’en découvrir, comme Paul Vecchiali ou Jean Grémillon en ce qui me concerne, ou de voir les chefs d’œuvre de réalisateurs que l’on connaissait mal jusque-là – Skolimowski et Fassbinder, par exemple. Or certains films sont injustement méconnus parce que leur auteur n’a pas fait grand-chose d’autre ou, plus simplement, parce qu’ils n’ont pas été édités en vidéo jusqu’à récemment. C’est le cas des trois que je vais vous présenter.