La curiosité n’est PAS un vilain défaut !

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Maintenant que j’ai votre attention, du moins je l’espère, je vais pouvoir vous parler de quelque chose qui me tient à cœur, peut-être ce qui me tient le plus à cœur depuis quelques années. Certains vieux grincheux nous disent que le cinéma est mort ou que le jeu vidéo est mort. Moi je dis que c’est la curiosité qui est morte. Mais on va le voir, c’est aussi un peu le temps libre qui est mort, et à l’heure où on nous dit de travailler plus, ça devient très inquiétant. Ce n’est pas que pour générer du trafic que j’ai choisi des images mignonnes dans cet article, mais parce que c’est bien l’un des symptômes du problème. Lorsque j’ai relayé cet article sur ma page Facebook, où le classement du fil d’actualité par popularité empire d’ailleurs le phénomène, il est passé totalement inaperçu. Alors j’ai ajouté cette vidéo en commentaire et j’ai eu très vite deux « j’aime ». Mais au commentaire, pas à mon article…

J’aurais bien aimé faire court pour m’adapter à ceux que je vise, mais il y a beaucoup de choses à dire… Il n’y a pas longtemps, j’ai vu dans le Zapping des extraits d’un documentaire sur la disparition programmée, et même datée avec précision (2017 aux États-Unis), de la presse. On nous explique qu’elle sera remplacée par des journaux numériques compilant uniquement des articles sur des thèmes qui nous intéressent (football, people, chatons, etc.). En un sens, c’est dans la continuité de la lente agonie des médias linéaires (TV, radio) au profit d’Internet, de Spotify, Netflix et Cie. La grosse difficulté que rencontrent d’ailleurs ces nouvelles plateformes, c’est qu’en l’absence d’un programme à imposer au public, ils doivent faire un gros travail de curation, c’est-à-dire qu’ils doivent faire une sélection dans la masse énorme de contenu, créer un système qui suggère à l’utilisateur des choses similaires, etc.

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En effet, lorsqu’on permet au public de consulter ce qu’il veut, quand il veut, il devient très difficile de le retenir. Je rencontre évidemment le problème sur Le Mag MO5.COM, où je m’adresse à un public a priori restreint (les retrogamers) mais qui recouvre en fait des personnes très différentes et qui ne s’intéressent pas forcément aux mêmes machines par exemple. Bien sûr, les articles dont je suis le plus fier à titre personnel ou qui m’ont demandé le plus de travail ne sont pas forcément les plus lus – au contraire puisqu’ils sont longs ! Et même quand on évoque un sujet populaire et fédérateur, ce n’est pas gagné. Prenons la chronique sur la Dreamcast traduite par mon collègue Sébastien ; c’est le seul article que j’ai publié ce jour-là pour mieux en mesurer les effets et il n’a pas généré un trafic anormalement élevé. Des « j’aime » sur Facebook, ça, il en a eu plein bien entendu !

Sans doute par manque de temps, les gens ne l’ont pas lu. Ils l’ont relayé et retweeté pour bien montrer qu’ils font partie du club décidément très peuplé des fans de la console. On se demande d’ailleurs où ils étaient tous quand Sega a dû en cesser la production… Certains me diront sans doute qu’ils n’ont pas lu l’article aussi parce qu’ils adorent tellement cette console qu’ils en connaissent déjà l’histoire. Et c’est bien possible. Ce qui est dommage, c’est que lorsque je publie des articles sur des jeux ou des machines qu’ils ne connaissent pas, ils ne les lisent pas non plus. Et je n’ai pas toujours droit à un « j’aime » de politesse. Et puis, s’ils ne lisent pas un article qui traite d’un sujet qu’ils connaissent sur le bout des doigts, pourquoi est-ce qu’ils se ruent sur un livre dédié à une console qu’ils connaissent par cœur, et ignorent tout ce qui aborde des sujets pour lesquels ils sont totalement profanes ?

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Pour apprendre les deux, trois anecdotes qui manquent à leur culture ? De toute façon, ces livres finiront sur leurs étagères, bien en valeur pour qu’on sache qu’ils sont membres du club, mais ils ne les ouvriront sans doute que pour les feuilleter. C’est au fond un comportement très humain ; on est rassuré parce que l’on connaît déjà et on a peur de l’inconnu. Je ne vais pas rentrer dans des détails de neurologie, mais les sentiments et la mémoire, c’est la même chose. Ainsi, on préfère revoir ce qu’on connait plutôt que découvrir autre chose, au risque de ne pas l’aimer. Mais c’est quand même ridicule, par exemple, d’acheter un livre et d’en vanter les mérites quand on ne l’a pas lu, n’est-ce pas ? Eh bien justement, fatigué d’entendre toujours les mêmes âneries sur le fameux « sceau de qualité » de Nintendo, j’avais écrit un article entièrement basé sur un passage de L’Histoire de Nintendo Vol.3.

Et sérieusement, quand je vois la popularité (méritée) de son auteur, Florent Gorges, sur les réseaux sociaux, ça m’attriste de constater que beaucoup de ses admirateurs n’ont visiblement jamais lu son livre, parce qu’ils continuent de répéter les mêmes bêtises. Je n’ai évidemment pas lu tous ses livres moi-même, mais j’ai fait l’effort de lire chaque numéro de Pix’n Love en entier, y compris les articles abordant des jeux qui ne sont pas ma tasse de thé pour ma culture personnelle. J’ai d’ailleurs constaté encore récemment que certains me croient spécialistes de certains sujets parce que j’ai écrit un article ou préparé un podcast dessus, alors qu’ils ne m’intéressent pas forcément ou pire, je n’aime pas du tout les jeux en question. Et il en est de même pour ma pratique du jeu vidéo, comme je l’ai expliqué de nombreuses fois, dont mon avant-dernier édito sur le Mag ; je suis un joueur curieux.

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Je m’adonne à un maximum de jeux même si je suis évidemment limité par les machines que je possède et surtout par le temps ; c’est pour cela que j’évite les jeux longs comme les RPG, ou les titres qui se pratiquent sur la durée comme les jeux de baston, mais il y a des exceptions dans les deux cas. Néanmoins, je ne me contente pas d’essayer chaque jeu à la va-vite, puisque j’essaie toujours de les finir. L’avantage de cette démarche, c’est que j’estime avoir le droit de critiquer des jeux comme Mass Effect parce que je les ai finis. Et j’ai gagné la légitimité de dire que Metroid Prime est largement meilleur que Halo, Half-Life, Crysis, BioShock et Cie, alors que les adorateurs de ces jeux-là n’ont sans doute pas joué au jeu de Retro Studios, et préfèrent considérer qu’il n’appartient pas exactement au même genre – c’est plutôt un FPA voyez-vous – pour excuser la médiocrité des titres qu’ils placent sur un piédestal.

Et c’est la même chose pour le cinéma puisque j’essaie toujours d’acquérir en priorité les films que je n’ai jamais vus. Comme tout le monde, j’ai bien sûr parfois l’envie de revoir mes films préférés, mais il me semble que deux fois suffisent en général à en avoir une connaissance assez approfondie… Et pourtant, il y a des rappeurs qui voient tous les jours Scarface mais n’ont toujours pas compris le film visiblement ! Ces dernières années, beaucoup d’articles – je ne retrouve hélas pas celui qui m’a inspiré – et d’études ont été faites pour montrer qu’au fond, nous aimons tous les spoilers. Les raisons sont variées, de l’impression d’en savoir plus que les autres au plaisir de résoudre un mystère, mais l’une des plus importantes est qu’aujourd’hui Internet met une surabondance de contenus à notre disposition, en concurrence les uns avec les autres pour s’accaparer notre temps disponible.

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On gagne donc du temps en regardant des bandes-annonces qui nous en disent trop sur les films ou les jeux vidéo pour savoir d’avance si l’on va aimer ou pas, et s’il on peut donc allouer une partie de notre temps précieux à cette œuvre. Le plus amusant est qu’on se plaint sans arrêt de l’abondance de suites et de remakes, mais comment pourrait-on nous donner envie d’attendre avec impatience un film ou un jeu dont on ne sait absolument rien ? Même quand un film est totalement original, ne voit-on pas sur l’affiche un « par le réalisateur de » ou « dans la lignée de » afin que le futur spectateur sache à peu près à quoi s’attendre, qu’il soit rassuré par quelque chose qu’il connaît ? Mais je pense qu’il faut savoir prendre des risques parfois. Certains réclament d’être remboursés s’ils n’ont pas aimé un film mais pour moi, le cinéma, c’est comme le poker ; tu ne paies pas pour aimer, mais pour voir.

D’ailleurs, si tu n’avais pas payé ta place, tu serais encore à te demander si tu aurais aimé ou pas ! Tu paies donc pour avoir la conscience tranquille… Moi aussi, comme beaucoup de gens de ma génération, je me suis longtemps contenté des valeurs sûres de mon enfance (Carpenter, Dante et Cie), mais j’ai appris à aimer d’autres réalisateurs. Cela ne veut pas dire que je n’aime plus les premiers ; ça peut même m’aider à les aimer davantage. J’ai d’ailleurs toujours trouvé ridicules les gens qui protestent – y en a toujours un ou deux – lorsqu’il s’agit d’étudier Godard à la fac ou en école de cinéma. En quoi le fait qu’ils n’aiment pas ses films, ou ne les comprennent pas, justifierait qu’il soit superflu de les étudier ? Au contraire, non ? Ce serait comme refuser dans le secondaire d’aborder la Seconde Guerre mondiale sous prétexte que l’on n’apprécie pas du tout cette période de l’Histoire !…

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La culture, ça fait peur !

Et quand on se penche un peu plus sur leurs motivations, on se rend vite compte que derrière leur argumentation ils sont en réalité complexés – pas forcément de ne pas comprendre ces films eux-mêmes, mais plutôt leur popularité et leur importance dans l’Histoire du cinéma. Et il est bien entendu plus simple de prendre une posture hautaine et méprisante genre « c’est de la merde » que de chercher à comprendre. On peut généraliser ce comportement à la culture en général, et j’avoue que moi-même, il m’arrive de me chercher des excuses pour ne pas découvrir un nouveau groupe de musique sous peine d’avoir de nouveaux artistes à suivre et donc encore plus d’albums à acheter, ou des excuses pour faire l’impasse sur une série considérée comme excellente mais déjà longue de plusieurs saisons. En un sens, j’ai « peur d’aimer » et de devoir y consacrer du temps voire de l’argent.

Néanmoins, j’en ai conscience et j’essaie de faire des efforts pour me faire violence. Bien entendu, je pense que vous auriez intérêt à en faire autant, mais je ne vous demande pas de lire mes articles, hein, puisque je n’ai même pas créé ce site pour faire du trafic. Ironiquement, je l’avais surtout créé pour héberger mon blog de développement, et quand j’ai demandé sur Facebook si ça intéresserait du monde, j’avais eu beaucoup de retours et même des propositions d’hébergement ! Or depuis qu’il est effectivement en ligne, j’ai parfois l’impression que tout le monde (ou presque) s’en fout, et j’avoue avoir perdu quasiment toute motivation de terminer un jeu qui, de toute façon, nécessite du temps que je n’ai pas. Mais de manière générale, on ne reçoit l’attention des gens sur les réseaux sociaux que quand on se plaint – à condition de ne pas le faire tout le temps. Et c’est bien triste…

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Prends ça, Cauet !

Cela fait longtemps que je considère que le plus grand mal de l’humanité, c’est l’ignorance. Certains disent que c’est plutôt la religion ou la guerre, mais quand on y réfléchit bien, l’ignorance est intimement liée à l’une comme à l’autre. En seconde position, je placerais la mauvaise foi, a.k.a. l’ignorance du savant, l’ignorance feinte. C’est celle qui permet, par exemple, à l’opposition de faire semblant de ne pas comprendre la proposition de loi de la majorité pour convaincre l’opinion d’être contre. Et c’est bien entendu valable quel que soit le parti au pouvoir. Le mal, ce sont aussi des gens comme Cauet qui revendiquent l’ignorance et qui passent leur temps à dire que la culture, c’est chiant. Pour l’avoir écouté des années avant de capituler devant sa connerie, je sais qu’au fond, il est lui aussi complexé par son ignorance et il a donc besoin d’être rassuré en se vautrant dans sa propre vulgarité.

Parce que c’est intimidant, la culture. Il est vrai qu’il faut avoir énormément de connaissances pour avoir l’assurance de briller en soirée quel que soit le sujet. Il suffit de regarder un peu la télévision pour savoir à quel point une personne pourtant un minimum cultivée peut passer pour un idiot parce qu’elle aura eu le malheur de tomber sur (un peu) plus savante qu’elle dans une émission. Mais ce qui est dommage, c’est qu’on a souvent tendance à se résigner sur le mode « puisque je ne saurai jamais tout, autant ne rien savoir ». Or je considère que de la même manière que c’est du gaspillage de jeter la nourriture alors que certains n’ont rien à manger, on a le devoir de se cultiver car sans compter les pays émergents, beaucoup de monde n’a pas accès à la culture. On peut même dire qu’il y a, dans nos sociétés occidentales, de sacrées inégalités sociales aussi dans ce domaine.

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Oui, je sais, « c’est la vie »…

Certains estiment d’ailleurs que nos « élites » font exprès d’abrutir le peuple avec des programmes télévisés merdiques pour le maintenir dans l’ignorance, et ainsi l’empêcher de se rebeller. Je pense qu’il y a un peu de paranoïa derrière cette hypothèse, et il ne me semble même pas très heureux d’ajouter encore aux théories conspirationnistes déjà trop présentes dans les milieux populaires. À mon avis, c’est surtout un problème économique. Dans une société en crise, l’industrie culturelle (au sens très large) n’aime pas prendre des risques et préfère servir aux gens ce qu’ils connaissent plutôt que de se planter avec un programme audacieux. Et de son côté, le public très pessimiste ces temps-ci préfère se détendre et se vider l’esprit avec des âneries rigolotes, plutôt que de regarder des documentaires et se rendre compte à quel point ils ne savent rien et à quel point le monde va mal…

Parce qu’il faut bien reconnaître que ces derniers temps, les émissions d’Arte par exemple, aussi intéressantes soient-elles, oscillent entre les dégâts de la pollution et ceux de l’évasion fiscale… Mais la culture, fort heureusement, ne se trouve pas qu’à la télévision, et quand on y a accès, c’est dommage de ne pas en profiter. Mais il me semble surtout important de savoir prendre le temps d’être curieux, de profiter par exemple des possibilités d’Internet pour répondre aux questions que vous vous posez, toutes celles qui vous passent par la tête (d’où vient telle expression étrange, quelle langue parle-t-on dans tel pays, etc.), plutôt que de sans cesse laisser tomber par flemme. Jamais on n’a eu autant accès à l’information, et jamais on a fait aussi peu d’efforts pour y accéder. Et le plus effroyable est le cynisme et la résignation avec lesquels la plupart des gens acceptent voire revendiquent cet état de fait.

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C’est évidemment flagrant sur les réseaux sociaux où les mêmes personnes relaient les pires âneries, tout en dénonçant la « connerie générale » des politiques et des fonctionnaires comme le ferait un Patrick Sébastien. Hélas, on est tous le con d’un autre. On se gargarise dans la critique du dernier « navet hollywoodien », mais cela ne viendrait à l’idée de personne d’aller voir autre chose pour changer. Il faut croire que le plaisir de critiquer surpasse largement le mauvais moment passé en salle. En même temps, c’est Godard lui-même qui avouait qu’il était moins déprimant de voir un mauvais film américain plutôt qu’un film raté issu des pays émergents. Mais pour en revenir aux réseaux sociaux, ce manque de curiosité, couplé aux horreurs que certains « amis » y publient, m’ont parfois donné envie de les quitter (les réseaux sociaux, hein ?). Publiez la photo d’un chaton et tout le monde « aime », publiez un article intéressant et tout le monde l’ignore, surtout s’il n’y a pas d’image. Oui, ça prend du temps de lire, mais c’est aussi ce qui différencie l’homme de l’animal.

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Le plus mignon pour vous récompenser d’être allés jusqu’au bout…

18 commentaires

  1. Pour ma part, je trouve que beaucoup de gens s’intéressent aux mêmes œuvres car ils ont peur d’être out socialement s’il n’ont pas vue le dernier film à la mode ou qu’il n’ont pas eu assez de débit pour télécharger l’épisode sorti la veille. C’est un peu dommage car, vue le nombre de retour sur des œuvres à succès, il est plus facile de les mettre de coté et de privilégié des œuvres moins bien distribuées car l’ont sait que ceux là, on les retrouvera facilement même des années plus tard. Je peux aujourd’hui visionner les 5 saisons de Breaking Bad ou jouer à Watchdogs sans soucis à prix réduit, mais j’ai de grosses difficultés à trouver des infos sur Close Case pourtant diffusée en ce moment !

    Je n’ai pas l’occasion d’aller souvent au cinéma, un des mes derniers choix fût entre Edge of tomorow et Barbecue, j’avais privilégié Barbecue sans regret, sachant qu’il serait difficile de louper la sortie en VOD-DVD-BLU RAY VHS d’edge of tomorow (au final j’ai pu le voir au ciné quelques semaines après).

    J’ai choisi Netflix plutot que Canalplay car l’un est capable de me sortir des titres auquel je n’aurais pensez et je découvre des sacrés perles, je fais de même avec l’appli gratuite du jour amazon qui me permet de tester des jeux android sur lesquels je ne me serais attardé.

    Ton article tombe pile poil car je ne cesse de voir des critiques en tout genre sur le dernier hobbit, je n’en ai vue aucun, ce la ne m’intéresse pas, mais je suis surpris de voir que ce fût apparemment un calvaire de voir les deux premiers mais cela n’empêche personne de courir voir le troisième !

    1. La curiosité, ce n’est pas seulement d’aller voir ce que la « masse » ne va pas voir, c’est aussi d’aller voir tout ce que va voir la majorité pour se faire sa propre idée plutôt que de dire « Le Hobbit, ça m’intéresse pas ». En fait, la curiosité, c’est d’aller voir un maximum de choses sans se soucier du tout de la popularité de ces oeuvres ou connaissances !
      Je dis ça parce qu’étant en Ecole d’Art, je suis plongé dans une version parallèle du problème énoncé dans l’article ci-dessus. Dans le monde de l’Art Contemporain, on nous dit d’être curieux, de se cultiver au maximum, de s’ouvrir l’esprit… Mais on rejette souvent les « arts populaires », la « culture de masse », le « main stream ». Or, le rejet du « main stream » est le même manque de curiosité que celui qui pousse au rejet de Godard, Malévitch, Duchamps…

      Je ne suis pas d’accord avec l’auteur de l’article sur le fait qu’il suffit généralement de voir un film deux fois seulement pour en avoir une connaissance approfondie. Etant un grand cinéphile, je vais voir au moins 2 films au cinéma par semaine, quand ce n’est pas une demi-douzaine, je prend des pass festival pour voir des films que l’on ne peut pas voir ailleurs, je fréquente surtout les salles d’art et essai (mais je ne rejette pas les salles grand public et j’y vais quand même relativement souvent), bref, je vais découvrir un maximum de films que je ne connaît pas. D’ailleurs, je ne regarde jamais de bandes-annonces, sauf quand j’y suis contraint parce que je ne suis pas entré dans la salle de ciné après les pubs. Généralement, j’y vais avec quelqu’un qui me propose d’aller voir tel ou tel film et j’accepte immédiatement sans même demander de quoi il s’agit et, arrivé dans la salle, je ne me rappelle même plus du titre du film que je suis venu voir.
      Or, malgré mon appétit insatiable de cinéma, les films que j’aime le plus et que je place au rang de chef-d’oeuvre, je les regarde plus que deux fois ! Et ce n’est pas du temps perdu pour ma curiosité, car je découvre ou re-découvre à chaque fois des choses nouvelles que je n’avais pas remarquées auparavant.

      Malgré le portrait de parfait curieux que je me suis dessiné en parlant de ma cinéphilie, je suis néanmoins beaucoup trop peu curieux, car, comme le dit très justement l’auteur de l’article, je repousse à plus tard sans cesse la découverte de choses que l’on m’a recommandées ou dont j’ai aperçu l’existence simplement parce que je n’ai pas le temps de tout découvrir et je préfère me rattacher à des choses déjà connues. Mais je jette des ancres, en étendant régulièrement les domaines des choses que je connais de manière à pouvoir englober de plus en plus de choses dans mon monde connu. Ainsi, cela me permet de remplacer le manque de curiosité dont je fais preuve en dehors du cinéma.

      1. « La curiosité, ce n’est pas seulement d’aller voir ce que la « masse » ne va pas voir » Et je suis entièrement d’accord avec ça, c’est bien pourquoi j’ai pris des exemples dans le cinéma et le jeu vidéo. Et j’avoue que moi-même je fréquente hélas très peu les musées et les bibliothèques…
        Je suis certes excessif quand je dis qu’il suffit de voir deux fois un film pour le connaître, mais je voulais juste dire qu’il est parfois dommage que certains revoient les mêmes films sans arrêt alors qu’ils en ont des tas d’autres à découvrir. De toute façon, vous n’êtes apparemment pas vraiment visé par mon article (moi aussi je vais voir deux films par semaine – j’en voyais même trois à une époque) ! Comme on me le faisait remarquer, il est clair que ceux qui sont le plus concernés par cet article ne le liront probablement pas…

  2. Ce qui est triste, c’est le moyen que tu as dû employer pour faire passer ton message.

    Pour être franc, je ne sais pas qui tu es. Pas encore. Mais sache que je vois exactement ce que tu veux dire. Et que les images sont un problème lors de la lecture, surtout les GIF. (Et j’aime pas le mignon. Voilà, j’ai été chiant.)

    Le fait est que la culture, le partage, la connaissance… Sont tellement tenus à notre portée que nous nous en sommes lassés. C’est triste à dire, mais c’est comme ça. Alors qu’avant, un coin de mer faisait rêver tout le monde, aujourd’hui, une grosse partie de la population n’y va que parce que c’est cool, tendance, branché, et qu’il y a « de la meuf »/ »du bogoss » (choisir son côté de la Cauetitude). Nous vivons à une ère qui est une ère de régression totale pour l’homme. Et probablement, vers notre propre fin, car à force de nous détruire comme ça, nous allons succomber.

    Bref, merci à Durendal d’avoir partagé ton article, j’ai eu ma dose de philosophie quotidienne 🙂

  3. Très bon artcle. (Je suis arrivé là via le fb de Durendal)
    Personnellement je me sens plutot curieux mais, comme tu le dis, dès que tu montre un peu de connaissance tu te fais vite ecraser par plus cultivé, moins cultivés, stéreotypes etc … (et ca n’est malheuresement pas valable qu’a la télé mais en société, partout).
    Dans ces cas la je défends quand même mes sujets, par ce que il y’a des choses a voir dans les bouquins Twilight,par ce que non Metropolitan avec R.Pattinson n’est pas chiant et qu’on peut trouver des choses interessantes dans tous les types de musiques etc etc … (et je continuerais malgrès les taquets entre chaque gorgées de bières ! XD « Mais lis Anne Rice plutot », « pff trop nul de toute facon je lis pas y’a les films », « mais on s’en fout de qui est le mec violet à la fin d’Avengers! T’as pas vu Hulk démonter Thor ?! »).

  4. Après ma reprise d’études je me retrouve dans une classe avec des « jeunes gens » sortant tout droit du BAC, et je me désole chaque jour de leur manque de curiosité, de leur « chais pas et j’m’en fous » qui semble être leur devise quotidienne. Des questions, ils en ont, mais si on ne leur sert pas la réponse sur un plateau, ils n’auront jamais l’envie d’aller la chercher tout seuls…. à l’heure où, comme tu l’expliques bien, l’accès à l’information n’a jamais été aussi facile.

    Concernant les séries, j’ai souri à ton « j’ai peur d’aimer », parce que je le prends souvent comme excuse lorsque l’on me propose une nouvelle série et que je refuse.
    Je pense qu’en effet, avec tout ce que l’on peut avoir, si l’on s’intéresse à un minimum de choses, il faut faire des choix, c’est certain.

    Mais, oui, il y a surtout ce manque de curiosité.
    J’ai été ravie de lire ton article, parce que c’est un sujet qui me travaille pas mal et tu as vraiment bien su mettre les mots dessus.
    Et oui je l’ai lu jusqu’au bout avec grand plaisir et intérêt 😉

    Bonne continuation en tout cas, et merci pour cette belle réflexion.

  5. Franchement, très bon article. Tout ce que tu dis m’a donné à réfléchir sur mon comportement ou celui de mes proches. Malheureusement je n’apporterai pas une remarque constructive, mais je voulais simplement te dire que tu as écrit un bien bel article et ainsi te soutenir ^^

  6. Ça sonne malheureusement très juste, mais je n’aime pas être pessimiste. Forçons un peu notre bonne volonté et celle de nos proches!
    De façon générale, les gens ont tendance a se restreindre, je pense, par peur de paraître ridicule, plus que par manque de curiosité. Il n’y a rien de mal a  »faire son intello », mais depuis la primaire, on voit celui-ci se faire brimer. La plupart des gens apprécient d’apprendre, c’est juste qu’ils y en a toujours d’autres pour nous écraser à la moindre tentative : on a tous l’impression d’être supérieur à la moyenne alors forcément, quelqu’un qui réussit mieux, ça nous ramène à la réalité. Après, il y a les gens intelligents qui relativise et sont heureux pour les gens  »curieux de tout », et les autres… ceux qui écrasent pour se mettre en avant.

    (et il y a aussi les filles derrière leur écran qui font des trop de généralités… je sais, je sais. Mais j’espère au moins que ce que j’écris n’est pas confus)

  7. C’est malheureusement trop vrai. On va de moins en moins chercher le nouveau par peur de l’inconnu, alors qu’au contraire, connaître cet inconnu permettrait d’arrêter d’en avoir peur ! Tout comme toi je déteste les gens qui se vautrent dans leur ignorance culturelle et la revendiquent, cela me hérisse le poil du dos. Pourtant il existe de nombreux moyens d’accéder gratuitement à la culture, bibliothèques, médiathèques, musées gratuits le premier dimanche du mois, ou simplement les sites de partage de vidéos sur lesquels sont hébergés des documentaires, pièces de théâtre… ainsi que les sites de livres audios qui permettent de (re)découvrir des oeuvres classiques avec les oreilles pendant que les mains sont occupées à autre chose (ménage, cuisine, jardinage…) Bref, la culture n’est pas réservée aux « intellos » : elle nous fait devenir des « intellos »

  8. Je trouve ton article très juste, bravo! Il n’y a rien qui m’énerve plus que la flemmardise des gens qui te disent « boarf c’est trop long je le lirais pas » quand tu leurs files le lien d’un article/documentaire super intéressant qui t’apprends tout un tas de chose. Mais selon moi, cette société de l’information constante et constamment accessible est justement le problème. C’est elle qui anéantit toute curiosité. (Ce n’est en aucun cas une excuse, juste une constatation). A force d’avoir la moindre information à portée de clic, les gens sont devenus fainéant, ils cherchent la facilité et la rapidité.Si ils ne peuvent pas l’avoir, ils abandonnent. Or, non seulement se cultiver et être curieux prend du temps, mais demande aussi des efforts, ce que certains ne sont pas prêt à faire. Dans le même ordre d’idée, combien de personnes vont plus loin que la première page wikipédia venue lors de leurs recherches, combien pensent à croiser leurs sources avant de balancer une info comme véridique? Assez peu en vérité, et j’avoue aussi céder à cette facilité plus souvent que je n’aimerais l’avouer.

    Je ne me suis pas vraiment reconnue dans l’article, mais en même temps j’ai conscience d’être privilégiée vu que je bosse dans la fillière culturelle et que j’ai la chance d’être entourée tout les jours de milliers de livres/films/CD que je peux avoir à disposition quand je veux (évidemment ça force la curiosité) et aussi parce qu’être curieux et se tenir au courant de l’actualité culturelle quelle qu’elle soit, ça fait partie de mon taf donc forcément…

    Mais je sais que tout le monde n’a pas cette chance et je trouve ça tellement dommage que les gens préfèrent se précipiter sur la première bêtise venue, parce que plus facilement « digérable » et réclamant peu de matière grise… L’ignorance dont tu parles, et la position hautaine qui en découle, on la voit tout les jours, encore plus sur Internet, où toute parole est libérée et ou l’on peut donc lire tout un tas d’atrocités.

    Après, être curieux j’estime que c’est aussi quelque chose qui s’apprend, du coup j’ai tendance à penser qu’avec des coups de pouce par-ci par là, voire pousser les gens à la curiosité dès le plus jeune âge (ce qui n’est pas forcément le cas partout malheureusement) ça pourrait améliorer les choses. Je sais que, perso, la curiosité que j’ai acquise jusqu’ici est beaucoup plus due aux rencontres super enrichissantes que j’ai pu faire dans ma vie plutôt qu’à une tendance naturelle. (D’ailleurs, typiquement, pour le cinéma, le coup de pouce est venu d’un ami fan qui s’y rendait plusieurs fois par mois, et, moi qui ne me contentait que de deux/trois films à succès dans l’année, deux ans après j’en suis à être dans les salles obscures quasi une fois par semaine, à aller voir des films juste parce que le pitch ou la BA m’intrigue (mais ne me « plaisent » pas forcément) et à pousser jusqu’à demander certains cours à des amis qui sont dans les études de cinoche pour en savoir plus etc.)

  9. Très bon article (oui je l’ai lu jusqu’au bout !! et j’ai apprécié). Je trouve dommage le fait que la plupart des personnes soient intéressés par un article non pas grâce à son titre ou à son contenue, mais parce que l’auteur aura eu l’idée (géniale) de placer des photos de chatons partout.

    Je partage toutes les idées que tu as exposé, en partie parce que je fais moi-même partie des personnes ayant « peur d’aimer » une œuvre.
    Internet doit être considéré comme une avancée, un progrès pour tous, par cet accès à la connaissance qu’il procure. Malheureusement les gens, et c’est bien dommages, ignorent bien souvent se qu’ils ne savent pas.

    Encore merci pour ton article, et à Dudu pour le partage.

  10. Bonjour , je ne connaissais absolument pas votre site et suis , comme beaucoup , tombé dessus en me baladant sur la page fb de ce cher Durendal. Et je dois dire que même si vous mettez en exergue des choses que je pointe souvent du doigt , je suis pas vraiment d’accord avec vous , du moins je me veux un peu moins pessimiste même si je vous rejoins sur énormément de chose. Selon moi la culture est partout , la curiosité également mais c’est comme dans le cinéma ou la littérature il ne faut pas s’arrêter à ce que l’on nous sert. Ça se voit particulièrement sur les enfants « pourquoi le ciel est bleu » ? et « pourquoi la vie , pourquoi la mort » ? La curiosité est naturelle chez l’homme. Je pense tout simplement que la culture se « perd » un petit peu dans le sens où justement avant pour savoir quelque chose , pour trouver un renseignement sur un truc précis , nous devions chercher , maintenant que nous avons internet , les tablettes , les smartphones on a plus besoin de se casser la tête. C’est bien dommage mais c’est ainsi , ce qu’il l’est d’avantage c’est que cette article , si bien écrit soit-il , contenant autant d’animaux mignons que possibles n’alertera pas les personnes concernées puisqu’elles auront la flemme de le lire. Après je ne suis pas donneuse de leçon et je pense que même avec énormément de temps et de curiosité on ne peut pas s’intéresser à tout et c’est bien normal. Je ne trouve pas condamnable de ne pas lire tout les articles d’un magasine ou d’un journal. Je comprend aisément ce que vous voulez dire dans votre article mais je ne pense pas qu’il soit grave de pas s’instruire plus que de raisons sur des choses qui ne nous intéressent pas , je suis passionnée de mythologie par exemple et ai un faible pour la mythologie égyptienne, j’en connais par conséquent d’avantage sur celle-ci que sur la grecque ou la romaine , parce que la culture doit ( selon moi toujours) être un plaisir avant d’être une nécessité.

    1. J’ai volontairement usé de formules un peu choc, mais comme je le sous-entends dès le début, ce n’est pas tant la curiosité qui manque mais le temps. De même que je ne demande à personne de lire des journaux en entier, je faisais en fait référence à un exemple bien précis pour montrer qu’il me semble utile de se forcer un peu parfois à lire un article sur un sujet qui ne nous intéresse pas au premier abord. A la base, ce blog est plutôt destiné à mon entourage et même si j’y avais pensé, je ne pensais pas que cet article aurait une telle audience. Du coup, j’ai surtout pris mes exemples (cinéma et jeux vidéo) dans des domaines qui parlent surtout à mes amis, notamment en ce qui concerne le retrogaming et mon travail sur le site de l’association MO5.COM.
      Mais en effet, les gens qui gagneraient le plus à lire cet article ne le liront sans doute pas. J’ai pourtant essayé de faire plus court qu’à mon habitude (si, si ! ^^)…

  11. Raaah mais merci, merci de mettre des mots sur cette ambiance générale de médiocrité qui s’installe ! J’en parlais encore récemment avec mon compagnon, cette absence totale de curiosité chez les « jeunes » que je fréquente m’afflige. Je suis en reprise d’étude, j’ai 25 ans, et déjà le fossé est énorme entre moi et mes camarades de 18 ans… Moi-même je lutte contre l’ennui, l’abrutissement, la flemme. C’est vrai que j’ai beaucoup de livres que je n’ai pas (encore) lus, et je m’en suis rendue compte. Depuis j’ai cessé d’acheter et d’accumuler, j’ai du retard dans les sorties, mais finalement je redécouvre ma bibliothèque existante et c’est pas plus mal 😉

    Oh et comme je te découvre complètement par hasard (merci l’ami fb qui a partagé), je sens que je vais rester, parce que le retrogaming ça me plaît bien 🙂

  12. J’ai beau savoir qu’elle est complètement ouverte, tu enfonces la portes avec tant de conviction que j’ai quand même peur que tu te démettes l’épaule.

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