Cela fait près de trois mois que je n’ai pas publié d’article sur mon blog, mais il faut dire que j’essayais de mettre en avant mon recueil de nouvelles, sans grand succès pour le moment. Avec un sens du timing toujours aussi mauvais, j’ai décidé d’exhumer (et de réécrire) un article consacré à Phénomènes (2008), rédigé apparemment entre septembre 2008 et juillet 2009. Je l’avais écrit en réaction à la critique des Cahiers du cinéma, plus mitigée que d’habitude envers un film de M. Night Shyamalan, même s’il a figuré dans plusieurs tops de la rédaction en fin d’année. Cela m’avait néanmoins attristé car, non seulement il s’agit d’un de mes cinéastes contemporains favoris mais, s’il y avait un film dont je serais fier d’être le réalisateur, c’est bien celui-là, sans aucun doute parce qu’il combine des thèmes (les Body Snatchers, la fin du monde) et des styles qui me passionnent… J’avais déjà fait allusion à cet essai dans mon article sur le zoom publié pour mon anniversaire de 2017, où j’expliquais que j’avais eu l’idée, « soufflée » par Quentin Tarantino, de rédiger une série de textes sur mes plans préférés de chaque année – mais je n’ai pas toujours réussi à en déterminer un à chaque fois. Il sera donc question du plan ci-dessus, mais aussi du film et de son auteur en général.
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[case], J-Horror et système D
Comme je l’indiquais dans mon dernier article, il me restait encore deux courts-métrages à « débriefer » sur mon blog après Le Marchand de sable (2006), même s’ils ont été réalisés hors de l’EICAR puisque ce dernier était mon film de fin de troisième (et dernière) année. Cela dit, [case] (2008) a été créé avec la complicité de deux de mes camarades d’école ; comme l’un d’eux nous avait invités à passer des vacances dans la maison de son père près de Tours, il m’avait demandé d’apporter ma caméra pour qu’on en profite pour bricoler des trucs… Donc il s’agit de la même Panasonic semi-pro employée pour deux de mes films précédemment abordés mais, outre le fait qu’il serait peut-être bon de rappeler qu’il s’agit d’une caméra DV en définition standard (non HD, quoi), c’est bien la seule chose que j’avais à disposition. En particulier, je n’avais ni éclairage, ni matériel de prise de son, et pas vraiment d’acteur même si Anthony était déjà apparu dans mes courts (et dans pas mal de ceux de mon école, pour être honnête). Tout ça pour dire qu’en dépit de cela, j’ai quand même essayé de faire un petit film d’horreur à la Kiyoshi Kurosawa, puisque ses films jouent souvent sur des effets subtils, de petits décalages avec la réalité qui ne demandent pas forcément de moyens (même s’il aime aussi parfois utiliser des effets spéciaux très élaborés de manière inattendue).
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Silent Madness (1984)
Après A*P*E (1976) qui appartenait à la vaguelette Space-Vision, on arrive enfin à la deuxième « grosse » vague de la 3D, celle du début des années 1980. Mais elle n’a finalement pas été beaucoup plus longue que la première des années 1950, puisqu’elle a été lancée par Comin’ At Ya! (1981) et que le Silent Madness (1984) qui nous intéresse ici est l’un de ses derniers représentants… Mais elle a surtout compté, à ma connaissance, autrement moins de titres. Il faut dire qu’il s’est presque toujours agi de films d’horreur ou du moins de films de genre à petit budget, et avec une certaine appétence pour les effets de jaillissement très prononcés. Néanmoins, je trouve que certains valent vraiment le coup d’yeux comme Amityville 3D (1983). Silent Madness me semble lui bien plus dispensable, mais reste une sympathique curiosité, réalisée par le non moins obscur Simon Nuchtern. Comme souvent, le début du film est d’emblée inquiétant, déjà parce que les deux mots du titre apparaissent très près de nos yeux mais l’un tout en haut de l’écran, et l’autre tout en bas, mais aussi parce que le reste du générique est une nouvelle fois mal fichu ; il aura vraiment fallu attendre la troisième vague (et surtout le numérique) pour voir des textes correctement intégrés en 3D. Mais l’action commence toutefois de manière plus inattendue…
Le Marchand de sable, quand le rêve tourne au cauchemar
Si Le Marchand de sable ne constitue pas un souvenir aussi douloureux qu’Et la vie continue… presque partout, il m’a tout de même suscité pas mal de frustrations… Il faut dire qu’en tant que film de fin d’études, j’espérais que ce soit l’aboutissement de mes précédentes recherches et, si je ne l’ai d’emblée pas pensé comme aussi formaliste qu’Invasion, il était tout de même ambitieux car je voulais enfin concrétiser mon « gimmick » : créer au moins une scène onirique en plan-séquence et en vue subjective dans chacun de mes films. Or, là où c’est vraiment rageant c’est que, comme bien souvent hélas, les difficultés ne sont pas tant venues de mes velléités ou d’un manque de préparation, que de problèmes techniques totalement indépendants de ma volonté… Déjà, je ne bénéficiais pas du même matériel que pour Et la vie continue… et plutôt que de reprendre un travelling étroit comme pour Invasion (qui m’avait du reste posé des problèmes), j’avais cette fois décidé de louer un steadicam, qui me semblait plus adapté pour l’aspect onirique en particulier, et qui me permettait enfin de faire des mouvements verticaux sans dolly ou grue. Là où je suis fautif (mais je pouvais difficilement faire autrement avec mes moyens), c’est qu’un steadicam ne remplacera jamais un travelling rectiligne ; ses mouvements sont plus « invisibles » et ont donc moins d’impact. Bien entendu, les équipes de tournage professionnelles disposent en général des deux…
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A*P*E (1976)
Entre les deux premières vagues (à défaut de raz-de-marée) des années 1950 et 1980, il y a eu, après les exceptions September Storm (1960) et The Mask (1961), une vaguelette basée sur la technologie Space-Vision. Initiée par le film d’horreur The Bubble (1966), elle permettait enfin d’enregistrer les deux images l’une au-dessus de l’autre sur une même pellicule, la rendant très économique… C’est ainsi qu’elle a servi à une poignée de films bien bis, comme le fameux Andy Warhol’s Frankenstein (1973) et ce A*P*E (1976) encore plus nanardesque. Surfant sur le succès des Dents de la mer (1975) mais devant surtout sortir face au remake de King Kong (1933) produit par Dino de Laurentiis, le film a dû changer de titre dans certains pays mais en a profité pour exploiter aussi la popularité de M*A*S*H (1970), aussi basé en Corée. Avec $23,000 de budget, il n’y avait en effet pas de quoi monter une coproduction avec le pays des kaijūs ; le réalisateur Paul Leder, père de Mimi ayant aussi œuvré dans le film catastroph(iqu)e, a dû se contenter du pays voisin qui lui a toutefois bien rendu avec participation de l’armée, des pompiers et de nombreux figurants – le final n’est pas loin du défilé du quatorze juillet…
Et la vie continue… malgré les compromis
Si Invasion reste mon expérience préférée, Et la vie continue… presque partout constitue assez nettement la plus douloureuse. Et pourtant, c’est le seul court-métrage que j’ai pu tourner seul en pellicule (de mémoire avec une caméra russe Kinor-35H, la classe), mais c’est précisément lorsque l’on bénéficie de moyens plus importants qu’on est contraints de faire des compromis… Il faut dire aussi que ce projet avait bien mal débuté, en partenariat avec l’ENSAD dont les étudiants avaient créé deux décors dans lesquels on devait tourner nos films. On avait eu ainsi peu de temps pour écrire des scénarios pouvant se dérouler dedans et, au final, très peu d’élèves avaient relevé le défi. Et comme les candidats s’étaient répartis naturellement entre les deux décors, il était statistiquement facile d’être sélectionné. Du reste, si mon prof avait aimé plusieurs blagues de mon scénario, il était à la base plutôt mélancolique car il évoquait l’incompréhension des esprits scientifiques, et d’ailleurs le titre fait référence à un concept mathématique que j’ai étudié en école d’ingénieur. J’ai donc dû totalement le réécrire pour le transformer en pure comédie, en combinant toutes les scènes en une seule.
Lire la suiteCanadian Psycho
The Mask (1961)
J’expliquais la dernière fois que September Storm (1960) était le seul film américain en 3D sorti entre la première vague du début des années 1950 et la vaguelette Space-Vision du milieu des années 1960 (qui préfigure la deuxième vague des années 1980), mais cela ne veut pas dire qu’il n’y en ait pas eu dans d’autres pays – comme vous êtes naïfs ! The Mask (1961) est d’ailleurs carrément le tout premier long-métrage d’horreur canadien et, s’il n’entretient aucun rapport direct avec le film qui a révélé Jim Carrey (qui est canadien cela dit), il y a tout de même quelques similarités troublantes… Ayant débuté sa carrière dans la publicité, le documentaire et même le film de propagande pour l’effort de guerre (y compris sous la forme d’une comédie musicale !), Julian Roffman a toutefois été blacklisté aux États-Unis dans les années 1950 pour avoir écrit des critiques dans un magazine communiste durant sa jeunesse. De retour au Canada, il a quasiment recréé à lui seule l’industrie cinématographique locale, alors assez inexistante depuis l’époque du muet. Sa première tentative au titre là aussi étrangement prémonitoire, The Bloody Brood (1959), sera toutefois un échec mais pas la seconde. Roffman était fier de The Mask et en particulier de la 3D, mais il aurait aimé rester dans les mémoires pour d’autres films. Il a hélas refusé par la suite des propositions de films d’horreur, et n’a pas tellement réussi à monter de projets plus personnels…
Invasion, ivre de films de série B
Mon deuxième film de fin d’année demeure assez clairement mon préféré. Si son tournage n’a pas été sans heurt – quel tournage l’est ? – mais j’y reviendrai, Invasion est celui dont le résultat colle le plus à mon intention, et peut-être celui qui a le mieux vieilli. Il faut dire qu’il a été en général bien accueilli alors que, de mon point de vue, ça semble un peu paradoxal parce qu’il aborde un sujet très personnel… Disons que, ce que moi et quelques autres prendront pour une dénonciation déguisée, la plupart des gens y verront un concept grotesque mais qui rend le film d’autant plus amusant, j’imagine. Car aussi fantastique et parodique soit le résultat, il est en réalité inspiré par des expériences vécues ! Mais si Invasion m’est si personnel, c’est aussi que, davantage encore que dans Théo 7, j’en ai profité pour mettre un peu tout ce que j’aime, en suivant avant tout le canevas d’un des films qui ont eu le plus gros impact sur moi, Invasion of the Body Snatchers (1978), le deuxième du nom.
Lire la suiteLe Petit Bleu
September Storm (1960)
La plupart des films en 3D que j’ai abordés ici depuis le printemps ont bien souvent été projetés en 2D du fait de leur sortie tardive… Mais on franchit un cap supplémentaire avec September Storm (1960) qui a la particularité d’avoir été le seul film américain en 3D entre la première vague, qui s’est achevée avec La Revanche de la créature (1955), et la vaguelette qui débute en 1966 avec The Bubble, premier film exploitant la technologie Space-Vision. Plus économique, elle permet désormais d’enregistrer les deux yeux sur la même pellicule, l’un au-dessus de l’autre. Mais ce n’est pas le cas ici, et on retrouve d’ailleurs l’entracte permettant de synchroniser les deux projecteurs… Il s’agit donc d’une petite curiosité, mais rien de plus d’autant que le film tente de cumuler la 3D avec le format Cinemascope qui l’a tuée, or le recadrage n’est pas toujours très heureux… Peut-être que le réalisateur Byron Haskin avait des regrets de ne pas avoir participé à la première vague avec La Guerre des mondes (1953), son film le plus connu. Il y avait en plus un vrai potentiel avec W.R. Burnett (Quand la ville dort) au scénario, et les fonds marins sont parfaits pour la 3D – et puis cette fois c’est en couleurs, pas comme L’Étrange créature du lac noir (1954). Hélas, ce film d’aventure préfigurant James Bond n’est pas palpitant, sans doute par manque de budget.
Théo 7 – Nostalgie des années 1980
Comme je l’expliquais dans mon article introductif, tous les étudiants en réalisation à l’EICAR pouvaient créer un court-métrage en fin d’année, même si les moyens étaient limités. Au moins tout le monde était sur un pied d’égalité il me semble, car c’était en deuxième année que les auteurs des films primés l’année précédente gagnaient l’accès à la pellicule… Si ce n’est que pour être primé, il fallait déjà avoir été sélectionné pour la projection de fin d’année, et on va dire par euphémisme que mon prof principal menait largement les débats. Et pourtant je n’avais pas choisi la facilité pour mon premier court-métrage. Il faut dire que j’en avais eu l’idée bien avant de connaître les moyens mis à disposition, durant mon année sabbatique entre mon école d’ingénieur et l’EICAR. N’ayant jamais été à l’aise avec le format court, j’avais donc réfléchi à plusieurs idées, et Théo 7 me semblait la plus porteuse. Et déjà je m’orientais vers l’onirisme, m’inspirant de rêves que j’ai pu faire de jouets ou de consoles qui n’étaient pas vraiment comme dans la réalité… Je crois que c’était aussi parti d’un délire avec un ami où l’on avait imaginé un ordinateur parlant et un peu trop conscient. Autre signe du destin, le titre du film est un jeu de mots avec le micro-ordinateur TO7 de 1982, et je n’avais alors pas la moindre idée que j’allais rejoindre l’association MO5.COM quelques années plus tard !
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