Théo 7 – Nostalgie des années 1980

Théo 7 (2004)

Comme je l’expliquais dans mon article introductif, tous les étudiants en réalisation à l’EICAR pouvaient créer un court-métrage en fin d’année, même si les moyens étaient limités. Au moins tout le monde était sur un pied d’égalité il me semble, car c’était en deuxième année que les auteurs des films primés l’année précédente gagnaient l’accès à la pellicule… Si ce n’est que pour être primé, il fallait déjà avoir été sélectionné pour la projection de fin d’année, et on va dire par euphémisme que mon prof principal menait largement les débats. Et pourtant je n’avais pas choisi la facilité pour mon premier court-métrage. Il faut dire que j’en avais eu l’idée bien avant de connaître les moyens mis à disposition, durant mon année sabbatique entre mon école d’ingénieur et l’EICAR. N’ayant jamais été à l’aise avec le format court, j’avais donc réfléchi à plusieurs idées, et Théo 7 me semblait la plus porteuse. Et déjà je m’orientais vers l’onirisme, m’inspirant de rêves que j’ai pu faire de jouets ou de consoles qui n’étaient pas vraiment comme dans la réalité… Je crois que c’était aussi parti d’un délire avec un ami où l’on avait imaginé un ordinateur parlant et un peu trop conscient. Autre signe du destin, le titre du film est un jeu de mots avec le micro-ordinateur TO7 de 1982, et je n’avais alors pas la moindre idée que j’allais rejoindre l’association MO5.COM quelques années plus tard !

Mais n’ayant pas encore trouvé mon style, j’ai évidemment largement pioché dans les films qui m’ont marqué. L’ensemble est nettement inspiré par les comédies fantastiques des années 1980, celles de Joe Dante surtout, mais on notera dans le final des emprunts successifs aux Nerfs à vif (1991) puis à Prince des Ténèbres (1987). Je me suis également fait plaisir avec quelques private jokes plus obscures, en particulier à Nanarland. Et puis je me suis lancé un petit défi technique, là aussi comme on pouvait en voir dans les films de Dante ou Zemeckis, avec une ellipse réalisée dans un seul plan au début du film (celui que l’on voit dans la vignette de la vidéo ci-dessous). Mais c’est tellement subtil (et il faut dire pas bien éclairé faute de moyens) qu’on ne remarque pas forcément les petits changements dans le décor… Parce que de mémoire on ne devait avoir que trois ou quatre projecteurs, et les travellings ont une nouvelle fois été réalisés sur un fauteuil roulant. Je disposais déjà d’une perruque (que porte la mère pendant tout le film en préparation du final) mais il en a fallu une autre pour Théo 7 afin de faciliter les trucages. Malheureusement, la maquilleuse n’avait pu créer qu’un profil pour la fausse tête, et le résultat était décevant de son propre aveu. Et puis ça n’a l’air de rien, mais il fallu acheter deux planisphères et n’en trouer qu’un pour les séquences dans la chambre… Encore une fois il y avait sûrement plus simple à faire pour un premier court.

Je n’ai toutefois pas eu de grosses difficultés sur ce tournage contrairement aux suivants. En revanche, le montage a été épineux et, bien que j’aie été comme d’habitude un des premiers à tourner, j’ai rendu mon film assez tardivement d’autant que mon prof ne cessait de me réclamer des coupes (dont les entrées/sorties de champ sans lesquelles l’ellipse ne marche). L’un des soucis venait de la caméra utilisée, une DSR-200 qui, en plus d’offrir une image dégueulasse comme la plupart des caméras semi-pro de Sony à l’époque, ne dispose pas de moniteur. Ce qui ne serait pas un problème si son œilleton n’était pas aussi trompeur… En gros, mon cadreur ne voyait pas les bords du cadre et j’ai eu un paquet de perches à effacer en post-production. Du reste, j’ai dû aussi jouer du cache pour gommer les mouvements de la table par exemple. J’ai choisi exprès le visuel en tête de l’article pour que vous puissiez voir le raccord au niveau du socle de la tête, à gauche. Par ailleurs, le Jan Hariot remercié dans le générique de fin a créé un patch permettant de restaurer un montage corrompu dans Adobe Premiere ; j’ai bien cru que j’allais devoir tout recommencer depuis le début…

À noter qu’une erreur demeure dans le montage puisque le radio-réveil affichant « 00:11 » apparaît une deuxième fois plus tard dans la nuit. Quoi qu’il en soit, même si le résultat est bien bridé par un manque de moyens et de compétence, cela reste rigolo et j’ai d’ailleurs reçu des compliments, parfois inattendus je dois dire, d’autres élèves ou des profs de scénario lors de la projection de fin d’année – enfin celle avec tous les films recalés, uniquement entre étudiants. Et puis il y a toujours des leçons à tirer d’un tournage, même si on fait forcément des erreurs lors des suivants, juste pas les mêmes. Au moins, j’utiliserai pour les films suivants l’AGDVX200 de Panasonic dont le mode « ciné-like » simule non seulement l’obturation du cinéma (la vidéo ayant tendance à être « trop fluide »), mais offre une image beaucoup plus chaude et agréable, rappelant du Super 16. Je finirai même par m’en acheter une, ce qui a permis aussi d’en faire profiter d’autres étudiants. Et puis ce court-métrage a été marqué par ma première collaboration avec le compositeur David Reyes dont les musiques, si elles sont toujours trop peu présentes à mon goût, ont clairement mieux vieilli que le reste.

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