Auteur : Guillaume Verdin

Tommy Tallarico, la rockstar déchue du jeu vidéo

Sa mère est-elle toujours très fière ?

Début 2014, le petit monde de la musique de jeux vidéo était ébranlé par le scandale entourant Mamoru Samuragochi, surnommé « le Beethoven japonais » alors que non seulement il exploitait quelqu’un d’autre pour composer à sa place, mais il n’était en réalité même pas sourd… Tommy Tallarico, lui, est seulement devenu la risée d’une partie d’Internet, en particulier suite à la publication d’une vidéo signée Harris Michael Brewis alias Hbomberguy, un YouTubeur qui cherchait uniquement à comprendre qui était l’auteur du son « OOF » du jeu Roblox mais qui s’est vite perdu dans les méandres des mensonges de la « légende de l’industrie » autoproclamée. Parce qu’au fond, Tallarico n’a pas fait grand-chose d’illégal ; il a seulement passé des années à exagérer les traits au point qu’il est souvent considéré comme le plus célèbre des compositeurs de jeux vidéo américains, et surtout reconnu par le livre Guinness des records comme le plus prolifique, alors que c’est loin, très loin d’être le cas.

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Twist of Fate, les restes d’un documentaire perdu

Twist of Fate (2010)

Depuis que j’officie sur Gamekult, et même si je n’ai pas autant à faire avec eux que je le souhaiterais, je n’ai plus beaucoup de temps pour alimenter ce blog, ce qui explique que le précédent article remonte à novembre dernier. En plus, l’été 2022 avait été dédié à mon recueil de nouvelles Torpeurs, qui n’a hélas pas rencontré le succès escompté. J’ai récemment terminé un (court) roman qui devrait être plus facile à faire publier par un vrai éditeur, mais les deux qui m’avaient répondu favorablement n’acceptent plus de manuscrits pour le moment… Bref, n’ayant rien d’autre à faire dans l’immédiat, j’en finis donc avec ma série de post-mortem de courts-métrages, l’avant-dernier, [case], ayant été évoqué en mai de l’année dernière. Et comme celui-ci, Twist of Fate (2010) n’a pas été réalisé dans le cadre de l’EICAR et n’est même pas tout à fait un court-métrage, puisqu’il s’agit d’un clip, créé dans un cadre tout particulier. À l’origine, il y a un concours organisé par Bad Lieutenant, groupe monté par les membres de New Order hormis le bassiste après leur (seconde) scission à la fin des années 2000, et avant leur reformation en 2015.

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Phénomènes, séjour dans la zone-cinéma

Le canon d'un fusil émerge d'un volet derrière la tête d'un jeune homme
Mon plan préféré de 2008

Cela fait près de trois mois que je n’ai pas publié d’article sur mon blog, mais il faut dire que j’essayais de mettre en avant mon recueil de nouvelles, sans grand succès pour le moment. Avec un sens du timing toujours aussi mauvais, j’ai décidé d’exhumer (et de réécrire) un article consacré à Phénomènes (2008), rédigé apparemment entre septembre 2008 et juillet 2009. Je l’avais écrit en réaction à la critique des Cahiers du cinéma, plus mitigée que d’habitude envers un film de M. Night Shyamalan, même s’il a figuré dans plusieurs tops de la rédaction en fin d’année. Cela m’avait néanmoins attristé car, non seulement il s’agit d’un de mes cinéastes contemporains favoris mais, s’il y avait un film dont je serais fier d’être le réalisateur, c’est bien celui-là, sans aucun doute parce qu’il combine des thèmes (les Body Snatchers, la fin du monde) et des styles qui me passionnent… J’avais déjà fait allusion à cet essai dans mon article sur le zoom publié pour mon anniversaire de 2017, où j’expliquais que j’avais eu l’idée, « soufflée » par Quentin Tarantino, de rédiger une série de textes sur mes plans préférés de chaque année – mais je n’ai pas toujours réussi à en déterminer un à chaque fois. Il sera donc question du plan ci-dessus, mais aussi du film et de son auteur en général.

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La création de l’illustration de mon recueil de nouvelles Torpeurs

Version très manga de l'illustration

Comme je l’avais annoncé à la sortie de Torpeurs mi-juillet, je vous propose un petit making of de l’illustration de la jaquette que je trouve très réussie, et ça me permettra je l’espère de relancer un peu les ventes qui, pour le moment, ne sont pas folles… Je ne m’attendais pas un carton évidemment, mais l’accueil de mon teasing m’avait fait espérer mieux, et surtout toucher d’autres personnes que mes proches ou connaissances directes. Clairement, le livre n’a hélas pas eu beaucoup d’échos auprès de mes lecteurs du Mag MO5.COM. J’avais déjà évoqué début juin mes errements pour le faire éditer et trouver quelqu’un pour cette illustration, et je me concentrerai donc plus sur son concept et sa réalisation elle-même.

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Mon recueil de nouvelles Torpeurs disponible

Les deux variantes de la couverture de mon livre, à gauche la grise (Kindle), à droite la rouge (livre broché)

Début juin, je faisais le teasing de mon futur recueil de nouvelles Torpeurs – Histoires oniriques et horrifiques, mais il est un peu passé inaperçu, sans doute parce que j’avais voulu garder le maximum de mystère autour de son illustration en particulier ; ma publication sur les réseaux sociaux un mois plus tard a rencontré bien plus de succès par exemple. Cette dernière ligne droite aura en tout cas été bien longue, déjà parce que j’ai contacté un autre (petit) éditeur au cas où comme annoncé, avec la réponse habituelle – « c’est bien mais on n’édite pas les recueils, trop risqués » – mais c’est surtout la publication via Amazon qui n’a pas été si simple. Il a d’abord fallu reformater le livre et sa couverture « à leur manière » (avec quelques limitations étranges de typographie), puis me faire envoyer une épreuve (qu’on aperçoit dans le tweet), ce qui prend près d’une semaine même pour un abonné Prime… Et j’ai quand même bien fait d’attendre, déjà parce que j’ai décidé de finalement opter pour une couverture brillante plutôt que mate (en espérant que le rendu soit en effet meilleur, la version mate étant délavée voire poussiéreuse), mais aussi pour les numéros de page.

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Torpeurs…

Fin 2009, alors que je m’ennuyais fermement à l’accueil d’une exposition qui avait peu de visiteurs, j’avais commencé à écrire des nouvelles qui me traînaient en tête depuis pas mal de temps. Des histoires souvent trop courtes pour en faire des longs-métrages, et « bien trop chères » pour des courts. Cela demandait en général quelques mois pour que j’accumule assez d’idées et que je retrouve le temps d’écrire, mais je pouvais ensuite les rédiger quasiment d’une traite, souvent deux par deux. Lorsque j’en ai eu « suffisamment », seize en l’occurrence, j’ai contacté un premier éditeur en février 2014. Un seul parce que je préférais me focaliser sur le seul dont je connaissais un membre fondateur, même si je ne m’en suis pas servi. Le souci est qu’en comité de lecture, mon manuscrit aurait dû être rejeté car comme la plupart des éditeurs, ils ne publient pas les recueils de nouvelles, du moins ceux d’inconnus, car c’est trop risqué commercialement. Mais un lecteur a quand même demandé à le lire, sauf que son supérieur a oublié de le relancer… Or moi j’avais conscience que ça prenait du temps et je suis passé à autre chose ; ce n’est qu’au bout de deux ans que j’ai réalisé que c’était bien long ! C’est ainsi que j’ai fini par savoir qu’ils avaient trouvé ça bien mais qu’ils ne publiaient pas ce genre de livre, donc. Je me suis alors mis de nouveau en quête d’un éditeur…

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[case], J-Horror et système D

[case] (2008)

Comme je l’indiquais dans mon dernier article, il me restait encore deux courts-métrages à « débriefer » sur mon blog après Le Marchand de sable (2006), même s’ils ont été réalisés hors de l’EICAR puisque ce dernier était mon film de fin de troisième (et dernière) année. Cela dit, [case] (2008) a été créé avec la complicité de deux de mes camarades d’école ; comme l’un d’eux nous avait invités à passer des vacances dans la maison de son père près de Tours, il m’avait demandé d’apporter ma caméra pour qu’on en profite pour bricoler des trucs… Donc il s’agit de la même Panasonic semi-pro employée pour deux de mes films précédemment abordés mais, outre le fait qu’il serait peut-être bon de rappeler qu’il s’agit d’une caméra DV en définition standard (non HD, quoi), c’est bien la seule chose que j’avais à disposition. En particulier, je n’avais ni éclairage, ni matériel de prise de son, et pas vraiment d’acteur même si Anthony était déjà apparu dans mes courts (et dans pas mal de ceux de mon école, pour être honnête). Tout ça pour dire qu’en dépit de cela, j’ai quand même essayé de faire un petit film d’horreur à la Kiyoshi Kurosawa, puisque ses films jouent souvent sur des effets subtils, de petits décalages avec la réalité qui ne demandent pas forcément de moyens (même s’il aime aussi parfois utiliser des effets spéciaux très élaborés de manière inattendue).

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Y a-t-il un antidote contre Remedy ?

Max Payne et sa tronche de cake

Cela fait trois mois que je n’ai pas publié d’article ici et, même s’il me reste encore deux courts-métrages à exhumer, je voulais reparler de jeu vidéo pour changer puisque mon dernier (court) texte sur le sujet remonte à plus de deux ans. Hélas, je vais en partie retomber dans mon travers habituel de me répéter, car je me suis rendu compte qu’un des tout premiers articles mis en ligne sur ce blog était consacré à Alan Wake’s American Nightmare (2012), ce qui m’évitera au moins de revenir dessus et même de passer plus vite sur Alan Wake (2010)… En effet, j’ai récemment fini l’édition « Ultimate » de Control (2019) et, même si j’estime que c’est le meilleur jeu à ce jour de Remedy Entertainment, cela ne m’a pas vraiment réconcilié avec le studio finlandais. Au moins, on ne peut pas nier qu’il ait une patte d’auteur, à laquelle on adhère ou pas. Néanmoins, il me semble que certaines faiblesses sont plus objectives (et d’ailleurs largement relevées), et de la part d’une société qui comptait 260 employés en 2020 et qui a au moins cinq titres en développement, je pense qu’il y a urgence à y remédier. Je reste très attaché à une phrase du cinéaste Nicolas Saada, du temps où il était critique : « L’art ne réside pas dans l’intention mais dans l’exécution ». Si l’on jugeait uniquement les créations sur leurs concepts d’origine, il y aurait quand même énormément de chefs d’œuvre – je vous garantis que le pire des tâcherons essaie presque toujours de faire de son mieux, même pour une commande. Or pour moi, Remedy est l’archétype du studio surcoté, précisément parce qu’il ne semble jugé que sur ses idées de départ, souvent fortes et originales, mais qui seraient (à mon avis) bien mieux exploitées entre de meilleures mains…

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Samedi 14

Silent Madness (1984)

Silent Madness (1984)Après A*P*E (1976) qui appartenait à la vaguelette Space-Vision, on arrive enfin à la deuxième « grosse » vague de la 3D, celle du début des années 1980. Mais elle n’a finalement pas été beaucoup plus longue que la première des années 1950, puisqu’elle a été lancée par Comin’ At Ya! (1981) et que le Silent Madness (1984) qui nous intéresse ici est l’un de ses derniers représentants… Mais elle a surtout compté, à ma connaissance, autrement moins de titres. Il faut dire qu’il s’est presque toujours agi de films d’horreur ou du moins de films de genre à petit budget, et avec une certaine appétence pour les effets de jaillissement très prononcés. Néanmoins, je trouve que certains valent vraiment le coup d’yeux comme Amityville 3D (1983). Silent Madness me semble lui bien plus dispensable, mais reste une sympathique curiosité, réalisée par le non moins obscur Simon Nuchtern. Comme souvent, le début du film est d’emblée inquiétant, déjà parce que les deux mots du titre apparaissent très près de nos yeux mais l’un tout en haut de l’écran, et l’autre tout en bas, mais aussi parce que le reste du générique est une nouvelle fois mal fichu ; il aura vraiment fallu attendre la troisième vague (et surtout le numérique) pour voir des textes correctement intégrés en 3D. Mais l’action commence toutefois de manière plus inattendue…

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Le Marchand de sable, quand le rêve tourne au cauchemar

Le Marchand de sable (2006)

Si Le Marchand de sable ne constitue pas un souvenir aussi douloureux qu’Et la vie continue… presque partout, il m’a tout de même suscité pas mal de frustrations… Il faut dire qu’en tant que film de fin d’études, j’espérais que ce soit l’aboutissement de mes précédentes recherches et, si je ne l’ai d’emblée pas pensé comme aussi formaliste qu’Invasion, il était tout de même ambitieux car je voulais enfin concrétiser mon « gimmick » : créer au moins une scène onirique en plan-séquence et en vue subjective dans chacun de mes films. Or, là où c’est vraiment rageant c’est que, comme bien souvent hélas, les difficultés ne sont pas tant venues de mes velléités ou d’un manque de préparation, que de problèmes techniques totalement indépendants de ma volonté… Déjà, je ne bénéficiais pas du même matériel que pour Et la vie continue… et plutôt que de reprendre un travelling étroit comme pour Invasion (qui m’avait du reste posé des problèmes), j’avais cette fois décidé de louer un steadicam, qui me semblait plus adapté pour l’aspect onirique en particulier, et qui me permettait enfin de faire des mouvements verticaux sans dolly ou grue. Là où je suis fautif (mais je pouvais difficilement faire autrement avec mes moyens), c’est qu’un steadicam ne remplacera jamais un travelling rectiligne ; ses mouvements sont plus « invisibles » et ont donc moins d’impact. Bien entendu, les équipes de tournage professionnelles disposent en général des deux… 

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