Silent Madness (1984)
Après A*P*E (1976) qui appartenait à la vaguelette Space-Vision, on arrive enfin à la deuxième « grosse » vague de la 3D, celle du début des années 1980. Mais elle n’a finalement pas été beaucoup plus longue que la première des années 1950, puisqu’elle a été lancée par Comin’ At Ya! (1981) et que le Silent Madness (1984) qui nous intéresse ici est l’un de ses derniers représentants… Mais elle a surtout compté, à ma connaissance, autrement moins de titres. Il faut dire qu’il s’est presque toujours agi de films d’horreur ou du moins de films de genre à petit budget, et avec une certaine appétence pour les effets de jaillissement très prononcés. Néanmoins, je trouve que certains valent vraiment le coup d’yeux comme Amityville 3D (1983). Silent Madness me semble lui bien plus dispensable, mais reste une sympathique curiosité, réalisée par le non moins obscur Simon Nuchtern. Comme souvent, le début du film est d’emblée inquiétant, déjà parce que les deux mots du titre apparaissent très près de nos yeux mais l’un tout en haut de l’écran, et l’autre tout en bas, mais aussi parce que le reste du générique est une nouvelle fois mal fichu ; il aura vraiment fallu attendre la troisième vague (et surtout le numérique) pour voir des textes correctement intégrés en 3D. Mais l’action commence toutefois de manière plus inattendue…
En effet, plutôt que de démarrer par un meurtre, le film commence par une séquence purement « administrative » durant laquelle l’employée d’un asile réalise que le mauvais patient a été libéré suite à un bug informatique. Oups. Bon, la première tuerie arrive peu après et, comme elle cible un couple dans leur van décoré avec goût comme on peut le vérifier ci-dessous, la séquence exploite bien la 3D entre vitre brisée et carrosserie déformée. Elle se finit cela dit en hache lancée vers la caméra, via une incrustation qui donne l’impression qu’elle est en image de synthèse, mais avec un budget de 600 000 dollars, j’ai des doutes… À noter que le bellâtre musculeux ci-dessous n’est autre que le prof de sport du cultissime Sleepaway Camp (1983) que j’avais vu la veille (!), puisque j’en avais commandé le Blu-ray en même temps. Silent Madness (1984) lui emprunte d’ailleurs aussi Katherine Kamhi, la victime de la douche qui a ici nettement plus de chance. Mais les spectateurs reconnaitront plutôt la protagoniste jouée par Belinda Montgomery, amoureuse de Patrick Duffy dans L’Homme de l’Atlantide (1977-1978) et maman de l’ado surdoué de Docteur Doogie (1989-1993).

Bien entendu, le film alterne ensuite les scènes de meurtre, parfois très concises, et les séquences elles souvent bien longuettes où l’héroïne mène l’enquête. Car, surprise bonne ou mauvaise selon les goûts, le film n’est vraiment pas très violent ; il suffit de comparer le deuxième meurtre à l’aide d’un étau avec Jason écrasant la tête d’un moniteur à mains nues dans Vendredi 13 Chapitre 3 : Meurtres en 3Dimensions (1982), dont il partage assez logiquement le chef-opérateur. Aucun effet de maquillage dans Silent Madness (1984) hormis du sang… Mais le gros défaut de ce dernier réside à mon avis surtout dans sa musique qui, même pour un slasher, est vraiment trop cheap façon sons stridents de violon simulés au synthé, bien que certains thèmes plus minimalistes fonctionnent mieux. Heureusement pour un film en 3D, les décors sont assez intéressants même si parfois un peu « forcés » (un pot de fleurs récurrent en amorce dans les scènes de dialogue), et que ça manque d’originalité puisque toute la partie centrale se déroule dans une sororité, réservoir intarissable de victimes féminines… Dans les aspects ratés, je citerai le moment où la protagoniste croise le tueur au milieu du film, et surtout la mort de la gymnaste que je n’ai toujours pas comprise. En revanche, le flashback en noir et blanc est plutôt sympa et surtout la traque finale dans les conduits très réussie. Dommage que ça se termine en twist bien familier et surtout inutile.
Autrement dit, Silent Madness (1984) n’apporte pas assez au genre pour être visionné en 2D, à mon humble avis. Heureusement, l’éditeur Vinegar Syndrome a fait le maximum pour qu’un maximum de gens puissent le voir dans de bonnes conditions. La restauration est non seulement très soignée, l’image pas du tout granuleuse pour une série B des années 1980, mais en plus le Blu-ray est dézoné, et une version anaglyphe est disponible avec non pas une mais deux paires de lunettes incluses dans la boîte. Les bonus sont en outre assez nombreux avec pas moins de deux commentaires audio – je n’ai d’ailleurs pas encore eu le temps de visionner tout cela, malheureusement – et un chapitrage par bobine pour l’anecdote…
Voilà, c’était donc le septième et dernier film en 3D de la commande que j’avais passée fin mai. J’avais alors expliqué qu’il y avait d’autres raretés en Blu-rays 3D chez Amazon.com, et dans des genres bien différents avec des comédies musicales et un film de guerre par exemple, mais j’ai hélas encore pas mal d’autres choses à regarder pour le moment.