September Storm (1960)
La plupart des films en 3D que j’ai abordés ici depuis le printemps ont bien souvent été projetés en 2D du fait de leur sortie tardive… Mais on franchit un cap supplémentaire avec September Storm (1960) qui a la particularité d’avoir été le seul film américain en 3D entre la première vague, qui s’est achevée avec La Revanche de la créature (1955), et la vaguelette qui débute en 1966 avec The Bubble, premier film exploitant la technologie Space-Vision. Plus économique, elle permet désormais d’enregistrer les deux yeux sur la même pellicule, l’un au-dessus de l’autre. Mais ce n’est pas le cas ici, et on retrouve d’ailleurs l’entracte permettant de synchroniser les deux projecteurs… Il s’agit donc d’une petite curiosité, mais rien de plus d’autant que le film tente de cumuler la 3D avec le format Cinemascope qui l’a tuée, or le recadrage n’est pas toujours très heureux… Peut-être que le réalisateur Byron Haskin avait des regrets de ne pas avoir participé à la première vague avec La Guerre des mondes (1953), son film le plus connu. Il y avait en plus un vrai potentiel avec W.R. Burnett (Quand la ville dort) au scénario, et les fonds marins sont parfaits pour la 3D – et puis cette fois c’est en couleurs, pas comme L’Étrange créature du lac noir (1954). Hélas, ce film d’aventure préfigurant James Bond n’est pas palpitant, sans doute par manque de budget.
Déjà, il faudra attendre le troisième tiers pour les séquences de plongée et on est très loin d’Abyss ! Je cite ce film car certaines péripéties, comme la poutre qui tombe (vaguement) sur l’épave et la fait basculer peut rappeler l’enchaînement de catastrophes haletantes chez James Cameron… Mais ici ça ne marche pas vraiment, d’autant que le requin factice trahit la promesse de l’affiche. On aura eu droit auparavant à une attaque de méduses tout aussi ratée, puisqu’on voit clairement un personnage les repousser à mains nues. La 3D est cependant assez bien pensée, parcimonieuse en effets de jaillissement, et on ne regrettera que quelques plans de seconde équipe en 2D, comme ceux (de la maquette) du bateau pendant la tempête mais aussi, plus étrangement, ceux sur l’héroïne durant un dialogue au bout d’une vingtaine de minutes. La restauration, qui a fait l’objet d’un financement participatif, est très soignée mais le Blu-ray manque de bonus : pas de commentaire audio, quelques interviews (dont une en 3D !) et deux courts-métrages en 3D. Le premier est un film d’animation en stop motion diffusé en première partie de September Storm, tandis que le second est une comédie musicale rarissime signée par rien de moins que le réalisateur des trois James Bond les plus spectaculaires (On ne vit que deux fois, L’Espion qui m’aimait et Moonraker). Sauf que Lewis Gilbert a ici utilisé un pseudonyme, car le film n’a été diffusé qu’en 2D en complément d’un Charlie Chaplin et a été très mal accueilli par le public… D’ailleurs, certaines séquences ont été malheureusement perdues et ne sont proposées qu’en 2D sur le Blu-ray.