Halloween 2014 – The Night He Came Home (on foot from Bougival)

On The Bus par LEMMiNO

On The Bus par LEMMiNO

En réalité, cette histoire ne s’est pas tout à fait déroulée lors de Halloween, mais c’était l’occasion de rendre hommage à l’un de mes films préférés et… c’est mon blog, je fais qu’est-ce que je veux ! Plus sérieusement, c’est une histoire cocasse voire édifiante, qui aurait pu faire les choux gras d’un JT de Jean-Pierre Pernaut, ou le sujet d’un court-métrage façon comédie sociale de gauche, ce qui prouve l’étendue des interprétations possibles. Enfin bref, tout à commencé le dimanche 2 novembre au soir, après le démontage du stand MO5.COM sur le salon Paris Games Week… À la surprise générale, cette opération s’était déroulée extrêmement vite, puisque le camion transportant le dernier chargement est parti vers dix heures moins le quart. Mais peu de temps auparavant, j’avais été informé d’un problème de train sur ma ligne… Causé par la météo, il devrait prendre fin aux alentours de 22h30.

Habituellement, je me propose d’accompagner le chauffeur pour l’aider au déchargement à notre local d’Arcueil, et je demande ensuite à être ramené chez moi en camion, vu qu’il est généralement tard et que la plupart des conducteurs de l’association habitent dans l’ouest parisien, comme moi. Seulement cette fois, le vice-président bien grippé m’a prévenu qu’il ne rentrerait pas chez lui ce soir-là, et comme lui et le président ne nous ont pas demandé de les rejoindre pour le déchargement, j’ai pu partir avec deux autres membres vers 21h40, de Porte de Versailles. Je pensais alors que d’ici à mon arrivée à Saint Lazare, l’incident serait terminé. Et c’est pas comme si je n’avais pas l’habitude des podcasts à rallonge qui me font rater le train de 22h43… Mais avec ma chance légendaire vis-à-vis des transports tardifs, je suis arrivé vers 22h10, et le 22h13 était annulé. Le train suivant pour Saint-Nom n’était qu’à 22h43, donc, mais avec au moins deux départs pour Versailles entre-temps, dont un qui devait partir vers 21h55, mais qui n’a quitté la gare que vers 22h15, emportant avec lui des voyageurs qui ont eu de meilleurs réflexes que moi ; j’aurais clairement dû le prendre.

Ma vie en une photo

Ma vie en une photo

J’attends donc péniblement jusqu’à 22h43, et le train part enfin, avec quelques minutes de retard, même si l’on nous signale qu’il sera terminus Saint Cloud et qu’un service de car sera mis en place pour le reste du trajet. Vu le nombre de travaux sur ma ligne depuis au moins deux ans, j’ai l’habitude de ces retours interminables, qui allongent la durée de trajet de bien plus que ce que veut bien le faire croire la SNCF. On arrive donc à Saint Cloud passé onze heures, et tandis que certains voyageurs n’ont clairement pas compris qu’il faut descendre du train, je me rends directement à l’arrêt de bus habituel, hélas désert. Je remonte donc à la gare où une trentaine de personnes font les cent pas. Un employé nous explique qu’il y a bien eu un car, mais qu’il est parti à 23h, ce qui surprend tout le monde dans la mesure où le dernier train pour Saint-Nom remonte au moins à 21h43. Mais si vous relisez le paragraphe précédent, vous saurez que l’incident avait déjà commencé, et qu’il devait bien y avoir des gens dans ce car, dont les saligauds qui ont couru prendre le Versailles de 22h15…

Mais on nous affirme qu’un autre car partira à 23h30 et quelques minutes avant l’heure dite, nous descendons tous à l’arrêt de bus alors qu’il pleuviote. Après une attente interminable, durant laquelle on a vu passer un taxi qui visiblement ne voulait pas profiter de son tarif du dimanche soir, un car s’est finalement approché à une lenteur extrême. Et non seulement cette lenteur m’a inquiété, mais le car m’a également semblé énorme par rapport aux bus en général à disposition. Nous montons donc dans ce car de tourisme – télé incluse – et je remarque déjà que le chauffeur est au téléphone et parle dans une langue étrangère. Et alors que nous sommes tous installés et que l’on attend que le chauffeur finisse sa discussion avec l’employé de gare, ce dernier monte pour nous dire qu’il faudra guider le conducteur station par station, parce qu’il ne parle pas français et que ce serait trop compliqué d’utiliser le GPS ! Ça, c’est le passage pour Jean-Pierre Pernaut. Même si les gens ont halluciné, seul un type s’est levé pour revenir à l’avant, mais pas pour guider le chauffeur comme je le pensais. Pour protester que c’était scandaleux, sans grande conviction toutefois.

Le bus de l'horreur

Et c’est là le début du « court-métrage de gauche » puisque j’ai été très surpris du relatif calme des passagers. À part un type avec qui je prends souvent le train qui est alors descendu, tout le monde s’est montré plutôt philosophe et constructif. Entre-temps, un autre groupe de voyageurs est arrivé – le 23h13 sans doute – mais seulement une partie a pu monter avec nous. Pas de chance pour les autres ? Faut voir. On démarre enfin et je commence à être sérieusement inquiet, d’autant que du fait des intempéries, on ne voit absolument rien à travers le pare-brise, même si je suppose que le conducteur, assis plus bas, n’est pas dans ce cas. Le premier arrêt à Garches arrive quand même vite et, encore une fois, je suis agréablement surpris de la coopération des voyageurs. L’un d’eux, qui devait sans doute aller jusqu’au bout de la ligne, est resté à l’avant pour guider le chauffeur, aidé de passagers qui se relayaient à chaque station. Et tout s’est très bien passé jusqu’à La Celle Saint Cloud. Étant un habitué des travaux, et visiblement pas le seul, je me souviens que la première, voire la deuxième fois, le bus avait galéré dans les ruelles de Bougival.

Du coup, depuis, il y a un changement à La Celle Saint Cloud et on monte dans une petite navette – genre fourgon – qui pour une raison qui m’échappe, attend toujours vingt minutes sur place avant de démarrer. Non, on n’attend pas le bus suivant pour faire le plein – d’où le trajet nettement plus long que ce qu’annonce la SNCF. Mais là, ils ont déjà eu apparemment du mal à trouver un car, alors il n’y pas de navette, et les connaisseurs commencent à se demander si ce car énorme pourra faire le trajet sans encombre. Une habitante de Bougival, qui croit au départ être la seule concernée, propose de ne pas aller jusqu’à la gare, mais elle parvient à nous y emmener tout de même en évitant le tunnel trop bas notamment. On a bien senti les branches frôler la toiture à plusieurs reprises, mais sinon ça va. Sauf qu’au départ vers Louveciennes, d’emblée, personne ne se propose pour guider le conducteur, alors qu’une bonne partie des passagers restants s’y rendent. Au final, notre guide de fortune tente sa chance, au pif. Mais au bout d’une descente où j’ai vu passer le mur d’une maison à moins de dix centimètres de ma vitre, le car s’est retrouvé coincé dans un virage.

Oui, ça aurait pu être pire...

Oui, ça aurait pu être pire…

Après plusieurs tentatives laborieuses de créneau façon Austin Powers, le chauffeur et le guide sont descendus pour constater qu’un break garé dans le virage nous empêchait de passer. Tous les passagers virils, dont je ne fais donc pas partie, sont alors descendus pour soulever la voiture, mais ils se sont vite rendus compte que ce serait très difficile. Après avoir alerté un voisin, il a été décidé d’appeler la police pour déplacer le véhicule. Bien entendu, cela ne prend que quelques lignes sur un blog mais ça a duré longtemps, très longtemps, et on s’est beaucoup regardé avec les trois, quatre passagers autour de moi, dans l’obscurité, à se demander ce qu’on allait faire. C’est alors que parmi les passagers virils, certains ont commencé à échafauder le plan de finir le trajet à pied. En même temps, ils n’étaient pas si téméraires car ils se sont avérés être tous de Louveciennes, la gare suivante. Après avoir de nouveau échangé des regards avec mes compagnons en espérant que l’un de nous ait une idée, je suis finalement descendu pour rattraper le groupe d’aventuriers déjà au bout de la rue, en entendant Patrick Bruel chanter « Attendez-moi ! » dans ma tête.

Le groupe hétéroclite était guidé par le type qui avait protesté auparavant, et qui nous a indiqué le reste du chemin vers la gare de Louveciennes une fois arrivé chez lui. Hélas, j’étais le seul à aller jusqu’à Marly, induit en erreur par la présence d’une personne que j’avais déjà vue monter à ma station et que je crois même être conducteur de train – mais je confonds peut-être. Il y avait aussi un petit jeune qui allait encore plus loin, jusqu’à L’Étang, et qui a passé tout le trajet au téléphone. J’espère qu’il aura convaincu quelqu’un d’aller le chercher avant que sa batterie ne tombe à plat, parce qu’on l’a semé à un croisement peu avant la gare, où les deux derniers m’ont suggéré de les suivre sur une route fléchée en effet vers Marly. C’est à ce moment là que je me suis rendu compte que, malheureusement, la batterie de mon téléphone que j’avais économisée jusque-là ne me servirait à rien ; je n’avais aucun signal et ne pouvait donc pas utiliser mon GPS. En plus, je crois qu’on a vu passer en voiture une jeune fille qui avait appelé dans le car pour qu’on vienne la chercher, mais qui n’a pas cru bon de s’arrêter pour déposer qui que ce soit. Pourtant il restait pile trois places !

The Hitchhiker

Heureusement, alors que les deux autres, arrivés, m’expliquaient avec difficulté le reste du chemin, j’ai vu venir derrière moi un groupe de trois personnes bien familier. C’était les passagers assis autour de moi dans le car, dont ils sont descendu peu après. Mais ils sont visiblement allés plus vite, n’ayant personne à déposer, et en plus, l’un d’eux connaissait le trajet jusqu’à Marly. À vrai dire, je l’avais moi-même déjà fait avec mon frère, mais il y a plus de dix ans. Je me souvenais en tout cas du passage qui traverse la forêt, mais je ne l’avais jamais fait de nuit, plongé dans le noir. Tout s’est bien passé et on a même un peu discuté ; j’en ai profité pour avouer que tout était de ma faute vu que ces derniers mois, chaque retour de nuit s’est montré pire que le précédent. D’ailleurs, je n’étais pas le seul à m’être dit que si j’avais su – mais comment ? – je serais plutôt aller jusqu’à Saint-Germain-en-Laye en RER, pour rentrer à pied. Cela prend certes une heure, même si on peut faire une partie du trajet – la moins pénible hélas – en bus, et je serais quand même arrivé beaucoup plus vite.

Au final, je suis rentré chez moi à 1h40, trempé de sueur. Certes, je me suis déjà couché bien plus tard dans ma vie, mais je pense quand même avoir battu un record en mettant quatre heures au total pour rentrer chez moi, alors que ce trajet prend d’habitude entre une heure et une heure et demi. C’était aussi sûrement moins pénible que la fois où je suis rentré du mariage du président de l’association en prenant deux Noctiliens puis en faisant Saint-Germain/Marly à pied avec des chaussures de ville trop serrées, mais vous avouerez qu’un car coincé dans un virage passé minuit, et piloté par un chauffeur qui ne parle pas français, ça ressemble à un épisode des Bronzés. Alors que je regardais vite fait mes mails avant de me coucher, j’ai entendu un car passer dans ma rue, derrière moi. Est-ce qu’il s’était finalement débloqué, ou est-ce que c’était le bus suivant ? Je ne le saurai sans doute jamais…

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