J’avais arrêté ma série de « souvenirs » en mai dernier, peu avant de débuter ma formation, alors qu’il m’en restait au moins un à évoquer. Et ça aurait été dommage de ne pas en parler car cela reste incontestablement l’un des plus marquants en matière de jeux vidéo, même si ma nostalgie pour la Dreamcast a sévèrement chuté depuis, mais j’y reviendrai en fin d’article… À l’époque, c’était bien sûr très différent. On ressortait de la Saturn, une période bien difficile qui a en plus coïncidé avec les nombreuses désillusions de l’adolescence. J’ai alors compris que ce qui faisait le succès d’une console, ce n’était pas tant ses jeux que son marketing. Mais alors qu’on avait eu la Saturn sur le tard, en 1996 après sa baisse de prix, mon frère s’était jeté sur une Dreamcast japonaise comme il l’avait fait pour le 32X, au prix fort mais pas tout à fait au lancement non plus ; il avait quand même attendu la sortie de Sonic Adventure à Noël 1998. Compte tenu de cette folie, il avait donc attendu que mes parents soient couchés pour déballer la console en douce… Et ça a été un choc, aussi étrange qu’inoubliable.
Il faut bien se remémorer l’accumulation d’éléments constitutifs de ce trip. Outre l’heure tardive, on se retrouve face au packaging ci-dessus, le plus chelou de l’Histoire des jeux vidéo. Mon frère avait aussi acheté un VMU, en bundle avec une figurine un peu moche de King Ghidorah (dont j’ignorais le nom à l’époque). On lance Sonic Adventure, qui débute justement avec une intro digne de Godzilla accompagnée de J-rock, donc sans grand rapport avec les précédentes aventures du hérisson bleu qui se retrouve ici d’emblée face à un alien, au milieu de voitures de police avec des effets de lumière et de réflexion très photoréalistes pour l’époque. Ah et puis j’ai parlé de hérisson bleu, mais il était plutôt vert parce qu’en l’absence de câble péritel, la console NTSC était branchée en composite… Autant dire que même si j’étais évidemment bluffé par les capacités techniques de la console, j’ai plutôt vécu cette soirée comme le genre de rêve délirant que l’on fait quand on a quarante degrés de fièvre.

SEGA n’a pas attendu 2006 pour faire des trucs bizarres avec Sonic, hein ?
Même si ça a été dit et répété de nombreuses fois, on oublie à quel point la Dreamcast a marqué un énorme saut technologique. Je me souviens avoir halluciné devant la finesse des textures de bois dans le premier niveau de Sonic Adventure (d’autres ne sont pas forcément aussi soignés) et c’était la première fois que j’arrivais à faire envie à des PCistes avec une console, juste en décrivant (sans exagérer) les graphismes et les sons qu’elle pouvait afficher, ou la facilité avec laquelle on pouvait évoluer dans une ville en voiture dans Crazy Taxi. Ce serait donc mentir de prétendre que je n’ai pas adoré cette console à l’époque ; j’ai même acheté mon propre exemplaire pour jouer en ligne à Phantasy Star Online avec mon frère, qui s’était pris aussi un modèle européen. Trois consoles, donc, beaucoup de manettes (les gâchettes fragiles des versions japonaises…) et une quarantaine de jeux, net record chez nous sur le moment mais vite battu par la GameCube, qui n’était pourtant qu’à moi. Cela dit, je crois que déjà à l’époque, je trouvais que SEGA s’était un peu renié avec la Dreamcast.
J’étais loin de m’imaginer qu’il deviendrait un éditeur spécialisé dans les jeux de stratégie et de management de foot sur PC, mais entre le logo Windows CE, la couleur blanche, les boutons des manettes rappelant plus la Super Nintendo que la Saturn, on sentait que SEGA voulait tourner la page de cette dernière, et c’était un peu vexant pour un fan. Mais surtout, avec le recul, c’est un peu énervant de voir que la Dreamcast est souvent désignée comme la console préférée des retrogamers – derrière la Super Nintendo peut-être, mais elle est encore une fois très populaire chez les PCistes et Amigaistes qui exècrent souvent Nintendo (c’est pas comme si les Amigaistes étaient réputés pour leur bon goût). Alors forcément, on a un peu envie de demander à tous ces fans où ils étaient quand la machine a été piétinée par la PlayStation 2 (même question pour les fans soi-disant nombreux de F-Zero qui ont boudé GX). Voilà qui explique que ma nostalgie se soit transformée en amertume avec le temps…
Cela me semblait en tout cas important de publier ce dernier souvenir même si, ce faisant, je me rends compte que j’aurais pu écrire sur le choc face à GoldenEye 007 (mon frère a acheté une Nintendo 64 d’occasion le lendemain), ou d’ailleurs ma découverte de James Bond, où je pourrais également expliquer pourquoi cette série m’a en fait rendu tout sauf macho…
On peut aussi aimer l’Amiga et Nintendo !
Sinon, la photo, c’est celle de votre console ou une récupérée sur le net ?
Oui, je ne visais que les Amigaïstes sectaires (ceux qui n’apprécient même pas le C64) dont tu ne fais clairement pas partie… 😉 Sinon la photo est hélas récupérée du net, j’ai eu du mal à en trouver une de bonne qualité. J’ai sans doute le carton d’origine quelque part mais j’avais la flemme de le ressortir.