Souvenirs : L’invraisemblable vérité (octobre 1996)

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Mission : Impossible (1996)Suivant mon planning approximatif et évolutif, ce souvenir devait être l’avant-dernier mais il risque hélas d’être mon dernier article de blog tout court pour un certain temps… Cependant, son thème tombe du coup assez bien, déjà parce que Brian De Palma est mon réalisateur préféré et que je l’ai réellement découvert avec Mission : Impossible (1996), mais aussi parce qu’il me permet d’évoquer des souvenirs bien plus anciens, auxquels j’aurais pu d’ailleurs consacrer des articles qui n’auraient toutefois pas collé à ce format. En effet, tout remonte à un traumatisme d’enfance qui me semblait avoir eu lieu quand j’avais environ trois ans, car je crois que c’est à partir de cet âge que j’ai eu des difficultés à m’endormir pendant pas mal d’années, mais je n’en suis plus très certain. Dans mon souvenir, j’avais vu à la télévision un homme face à son miroir enlever peu à peu des parties de son visage pour révéler une apparence monstrueuse, ce qui fait évidemment penser (hormis la fin) à une scène de L’Homme qui venait d’ailleurs (1976) avec David Bowie. Mais je me rappelle aussi que mon frère avait parlé de la série La Cinquième Dimension, et après recherches, j’ai fini par trouver l’épisode A Day in Beaumont (réalisé par le Français Jeannot Szwarc) qui ne colle pas parfaitement non plus, même si ces arrachages de masques m’auraient forcément traumatisé. Le souci est qu’il n’a été diffusé aux États-Unis qu’en avril 1986, et j’ai sans doute pu avoir vu avant ça la mini-série V (1983) où l’on trouve aussi une scène dérangeante d’un extra-terrestre qui arrache lentement la peau de son visage…

Tout ça pour dire que, enfant, j’avais peur des masques en latex parce que je craignais qu’il y ait un monstre en dessous, même quand c’était Dominic, un personnage de Santa Barbara (Sophia et non Gina comme je l’ai longtemps cru), ou bien un as du déguisement de Mission Impossible, donc. Mais comme tout ce qui me fait peur finit par me fasciner, je suis devenu fan de la série – plutôt de la seconde, Mission impossible, 20 ans après (1988-1990). J’ai quand même vu pas mal d’épisodes de l’originale (1966-1973) mais, faute de restauration peut-être, son bruit de fond permanent la rend difficile à suivre sans s’assoupir… Et puis la seconde, en dépit d’un usage excessif des gadgets, respectait assez bien il me semble l’esprit de la première, et sa manière parfois à la limite du sadisme de piéger les méchants en retournant leurs armes contre eux ou en les rendant complètement cinglés. C’est pourquoi, même si la série est inspirée par Topkapi (1964) sur le plan scénaristique, je la considère plutôt comme l’héritière du film Les bourreaux meurent aussi (1943), écrit par Bertolt Brecht et réalisé par Fritz Lang. Et en tant que possesseur de Master System, j’étais forcément jaloux du jeu de Konami sur NES malgré les libertés prises avec la série (Nicholas armé d’un boomerang).

"Nombre de morts : zéro"

« Nombre de morts : zéro » disait-il dans le premier film. Sa politique en la matière s’est quelque peu « assouplie » dans les deux derniers…

Quand le film a été annoncé, cela m’a surpris comme beaucoup d’autant qu’il y avait encore peu d’adaptations de séries à l’époque, à part La Famille Addams ou justement Les Incorruptibles (1987) du même De Palma, lui basé sur l’une des séries préférées de ma mère… On ne savait donc pas trop à quoi s’attendre, mais je crois me souvenir que je l’ai immédiatement adoré. Cela dit, j’ai été forcément décontenancé par le twist final en tant que fan, et je me souviens d’une discussion animée à ce sujet après la projection. Je crois aussi avoir mal dormi la nuit suivante, pas pleuré comme pour Mortal Kombat 3, mais je me rappelle avoir beaucoup tergiversé, imaginé une suite dans laquelle on aurait découvert que Jim Phelps n’était en fait pas le méchant mais que quelqu’un d’autre portait son masque, etc. J’avais évidemment du mal à me résoudre à l’idée que Tom Cruise allait peu à peu phagocyter la série, et malgré l’ajout de personnages dans les derniers épisodes, il est clair qu’il a du mal à déléguer, quitte à se faire ranimer par une femme dans Rogue Nation (2015) pour ne pas lui laisser la séquence de plongée… Mais au-delà de l’obsession parfois maladive pour la violence des deux épisodes de Christopher McQuarrie, j’ai surtout mal digéré la relecture du troisième film signé J. J. Abrams, qui faisait de l’IMF une bête société avec des locaux et des pots de départ, alors que pour moi c’est juste une personne qui recrute des mercenaires freelance. Comme ça le département d’état peut plus facilement nier avoir eu connaissance… etc.

Comme tous les films abordés dans ces « souvenirs », Mission : Impossible (1996) a constitué un tournant dans ma cinéphilie, et à plusieurs titres. J’ai alors commencé à m’intéresser plus sérieusement au cinéma et à la réalisation. J’ai aussi voulu me mettre à un magazine de cinéma mais les quelques numéros de Première que j’ai achetés ne m’ont pas emballé – j’avais parfois même un peu honte de lire leurs conneries quand ma mère voulait savoir ce qu’ils avaient pensé de tel ou tel film… Et puis dans un numéro faisant le bilan d’une année ou quelque chose comme ça, il y avait des témoignages de réalisateurs dont celui de Claude Chabrol, qui était déjà l’un de mes réalisateurs français préférés à l’époque. Il y regrettait la généralisation de ce qu’il appelle « la mise en scène clip » et citait comme exemple le film de De Palma « n’en déplaise à mes amis des Cahiers du cinéma »… C’est comme ça que j’ai su que la revue avait défendu le film, et j’ai pu le vérifier plus tard en feuilletant le premier numéro sur lequel je suis tombé, ou un essai le comparait même à Stromboli de Rossellini ! Plus tard, j’ai acheté mon premier numéro, forcément celui avec Snake Eyes (1998) en couverture, et je me suis abonné aussitôt. Je le suis toujours, plus de « vingt ans après » justement…

4 commentaires

  1. Petit test pour voir si le commentaire passe. (et savais-tu que Peter Graves avait refusé le rôle de Phelps pour le film car il ne supportait pas que ce soit lui le traître ?)

    1. On avait plutôt entendu dire à l’époque que c’était parce que le rôle était trop physique pour lui (ce qui est assez vrai aussi) mais j’imagine qu’ils n’ont pas voulu spoiler.

      1. Je n’ai trouvé que ça : According to Martin Landau, in an earlier treatment, the original plan was to bring back the entire original cast of the television series, just to kill them all off in the first act.

        Source : imdb

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