Cela fait presque trois mois que je n’ai pas publié d’article et, même si j’en ai quelques uns en projet, j’avais plus envie d’en « improviser » un sur mon sujet de prédilection… Parce que, et ça ne va surprendre aucun de mes trois lecteurs, plus le temps passe, plus j’ai vraiment envie de faire quelque chose autour de la 3D. Certes, la demande est de moins en moins là, mais y a aussi de moins en moins de concurrence, et c’est de toute façon ma manière d’être. Bien que ma formation actuelle me destine à la création de sites web ou d’applis mobiles, j’ai créé un logo dans ce sens dans le cadre d’un projet sur le personal branding. Mais que faire ? J’avais songé à me lancer dans l’édition vidéo, mais l’un des deux gars du Chat qui fume m’a confirmé que c’est casse-gueule. Et dans le jeu vidéo, la VR a déjà beaucoup de mal à se démocratiser, et les développeurs du domaine ont plutôt tendance à taper sur la 3D pour brosser le grand public dans le sens du poil – tout en reconnaissant qu’il n’y pas de VR sans 3D…
Le cinéma étant encore moins accessible, j’avais réfléchi à un autre concept, à comment rendre la 3D sympathique, en jouant sur les émotions. Je ne sais plus si c’est comme ça que j’y avais pensé, mais j’étais retourné par hasard dans la section photos de ma 3DS, où se trouvent deux ou trois vidéos de mon neveu et ma nièce. Certes, la résolution de la console est faible, mais la vidéo et la 3D la font en partie oublier – certains courts-métrages d’animation (ceux de Shaun le mouton en particulier) étaient d’ailleurs d’une finesse remarquable sur la portable. Et franchement, ces petits moments capturés avaient quelque chose de très émouvant. Je n’ai jamais été très fan des photos, déjà parce que les gens « posent » en général, mais il me manque clairement le mouvement, sans parler de la 3D. Et si cette dernière pouvait réinventer le concept du portrait ? Il existe certes déjà des cadres numériques pour mettre de la vidéo, mais les gens ne savent (ou n’osent) pas forcément faire des films.
C’est d’ailleurs le gros problème de mon idée ; elle est difficilement viable économiquement. Pas tant parce que tout le monde déteste la 3D, mais parce que même s’il serait sans doute plus simple de créer un cadre numérique qui permette de filmer soi-même, je songeais plutôt à un « service » façon photos de mariage où l’on filmerait l’être aimé dans un joli plan très étudié, immortalisé dans un cadre numérique autostéréoscopique. J’ai même récemment trouvé un nom en exhumant (pour ma formation) le stéréoscope de mon grand-père (voire arrière-grand-père d’après ma mère) ci-dessus, la Stéréo-Carte – je doute que la marque soit encore déposée… Mais c’est aussi le genre de concept difficile à vendre sans démonstration personnalisée. Si je le proposais à quelqu’un, je ne pense pas que ça l’intéresserait, mais si je lui montrais le cadre avec la vidéo d’une personne qui lui est chère, je suis convaincu que cela lui ferait quand même un peu mal au cœur (et pas à cause de la cinétose) de ne pas l’acheter.
Pour moi, le cinéma sert avant tout à capturer des fragments de réalité. Peu importe que ce soit un documentaire ou un blockbuster de super-héros, la caméra filme objectivement ce qui se trouve devant elle. Ce n’est d’ailleurs même pas le montage ou les trucages qui la font mentir, mais l’interprétation des spectateurs – désolé, je digresse… J’ai eu la chance de voir Gemini Man dans les conditions voulues par Ang Lee, à savoir en 3D et à 120 images par seconde. J’avais déjà pu voir le troisième The Hobbit en HFR, et j’avais trouvé ça saisissant même si le procédé trahit les avances rapides couramment utilisées dans les scènes d’action. C’est d’ailleurs encore plus flagrant dans Gemini Man, mais peut-être moins gênant vu le contexte plus moderne du film. Et indépendamment de ce que l’on pense du film, il donne vraiment la sensation de voir la réalité. C’est même précisément ce côté « documentaire » qui avait gêné pour The Hobbit mais encore une fois parce qu’il s’agit d’un film « en costumes ».

La communication s’est focalisée sur le clone rajeuni pas très réussi de Will Smith, alors que ce n’est pas là que réside le côté novateur…
Mais il ne faut pas confondre réalisme et immersion, et j’ai un exemple pour l’illustrer. Vers le début du film, il y a une scène à bord d’un bateau durant laquelle il est évident qu’un personnage va se faire tuer. Mais, outre le fait que le numérique permet de faire éclater la tête d’un type par surprise (ce qui n’arrive pas ici heureusement), l’hyperréalisme du film me rendait bien plus anxieux qu’à l’accoutumée. C’est comme si j’avais peur que l’acteur se fasse tuer pour de vrai. Or je craignais pour lui, pas pour moi. L’immersion, c’est quand par exemple on a l’impression de mourir lorsque l’on chute dans le vide en VR, ou quand une voiture nous frôle à contre-sens dans Burnout 2 – parce que les jeux vidéo n’ont pas attendu la VR pour être immersifs, ni le cinéma la 3D pour être réaliste, bien entendu. Mais de toute façon, Gemini Man n’a pas mieux marché qu’Un jour dans la vie de Billy Lynn (2016), utilisant le même procédé mais sans doute bien meilleur. Bref, ce n’est pas ça qui va m’aider…
Et à ce sujet, c’est déjà difficile de convaincre les humains dotés d’une vision binoculaire de l’intérêt de la 3D alors, avec les manifestations qui arrivent, si les forces de l’ordre pouvaient essayer de créer un peu moins de nouveaux borgnes, ce serait sympa… Parce que je reste persuadé que tant qu’il y aura des hommes, il y aura un marché pour conserver leurs souvenirs. Et si l’on a ajouté la couleur aux photos et augmenté leur résolution, puis amené le son au cinéma, c’est bien pour capturer ces fragments de réalité avec le plus de fidélité possible. Alors quitte à être fidèle au réel, pourquoi continuer d’ignorer l’une de ses composantes ?