Vingt artistes à découvrir (ou pas)

Olympia, John Maus, Metric, Editors, A Bigger Splash, The Crystal Method, Games, Hot Chip, Planet Funk, Christine and the Queens, Black Strobe, Johnny Marr, Stupeflip, Arcade Fire, Aline, Haim, Owlle, Small Black, FM Belfast et Sia

J’avoue avoir pas mal hésité à inaugurer cette rubrique parce qu’en un sens, je hais la musique. Entendons-nous bien ; j’adore l’écouter et je peux difficilement m’en passer, mais quand j’entends dire que la musique adoucit les mœurs, ça m’agace un peu parce qu’il n’y a rien de plus segmentant. Certes, les goûts varient aussi pour ce qui est du cinéma ou de la littérature, mais je crois que rien n’arrive à la cheville de la musique en termes de subjectivité. On a probablement tous connu ce moment de solitude lorsqu’on vient de dénicher une chanson géniale qu’on veut aussitôt partager avec la Terre entière parce qu’on se dit qu’il est impossible de ne pas avoir envie de balancer sa tête en l’écoutant. Sauf que la première personne à qui on la fait écouter fait une grimace un peu gênée… Je suis donc convaincu que la plupart d’entre vous n’aimeront pas la moitié des artistes ci-dessous. Mais comme il se trouve que je les ai presque tous connus par hasard, et que je ne remercierai jamais assez le « destin » de les avoir mis en travers de ma route, je me dis que si une seule personne peut avoir ne serait-ce qu’une seule révélation grâce à cet article, je serai déjà comblé.

Je peux difficilement commencer cette liste sans préciser que je suis un fan absolu de New Order, bien que je les ai découverts sur le tard, vers 19 ans. Jusque-là je ne connaissais qu’un single du groupe qui reste à ce jour ma chanson préférée. Et j’ai beau faire des efforts pour diversifier mon horizon, il n’y a aucun artiste ou formation dont j’aime autant les chansons et dont je n’arrive pas à me lasser. Je serais même incapable d’identifier mon  « second groupe préféré » parmi Cabaret Voltaire, Duran Duran ou Depeche Mode. De ce fait, comme vous allez le voir, beaucoup d’artistes m’ont été révélés plus ou moins directement par le biais de New Order, même si la plupart d’entre eux s’avèrent assez différents au final. Maintenant, si vous êtes totalement allergiques aux sonorités des années 80, il est encore temps de fermer cet onglet ! Pour les autres, j’ai décidé d’expliquer pour chaque artiste comment je les ai découverts et quels morceaux ou albums je recommande, en terminant par une seule et unique vidéo pour illustrer le tout – l’occasion de nombreux dilemmes.

DIX ALBUMS/EPs

AUSTRA

Austra est l’un des très rares exemples de groupes découverts via Facebook – j’imagine que comme moi, vous prenez rarement le temps de regarder en entier les vidéos que partagent vos amis… Là, c’est mon bon ami Le Yeti qui a relayé le clip de Lose It du groupe canadien. Et je ne pouvais que tomber sous le charme de cet electroclash – de l’électro aux consonances eighties même si cette dénomination n’a rien d’officiel – accompagné de chant lyrique. C’est cette recette, parfois facile mais le plus souvent efficace, qui définit le mieux le premier album, Feel it Break. Ce qui m’amène à un premier dilemme à cause de Magic RPM, ma publication de référence en matière de musique ; leur critique de cet album est révélatrice car on sent que le rédacteur lutte pour résister au charme du groupe ! Je suis d’accord avec lui que The Villain en est la meilleure piste, mais qu’il qualifie Lose It de « pénible » m’a fait hésiter à choisir ce morceau, alors que c’est par lui que j’ai connu Austra ! Hélas, le magazine n’a pas chroniqué le second album, Olympia, sans doute mon préféré de 2013. Le groupe ne s’y repose pas sur ses lauriers avec des arrangements originaux, notamment côté percussions. Il offre déjà trois ou quatre très bons singles et comporte très peu de déchets !

JOHN MAUS

C’est à l’époque où je regardais les bandes-annonces sur Apple Movie Trailers que je suis tombé sur celle du film Lying réalisé par le plasticien M Blash – qui a d’ailleurs signé récemment le clip du sublime Hurt Me Now de Austra. Ce trailer est devenu instantanément mon favori parce qu’en l’espace de deux minutes, Chloë Sevigny me regarde à deux reprises ! Je vous jure ; j’ai même revu la vidéo de plusieurs endroits de mon bureau pour vérifier… Comment ça, « c’est la caméra qu’elle regarde » ? Puisque je vous dis que c’est moi ! Arrête de m’embêter, t’es méchant. Bref. L’autre raison est la découverte du Joy Divisionien Do Your Best de John Maus. Même s’il a ressorti sa guitare depuis pour Quantum Leap par exemple, ce titre n’est pas forcément représentatif de sa cold wave plus électronique, avec parfois même des accents religieux influencés par la musique sacrée. Il est aussi utile de préciser que John Maus est cinglé et qu’il est capable de chanter en boucle « Pussy is not a matter of fact » ou de pondre un Rights for Gays si sautillant que Christine Boutin ne pourrait s’empêcher de le fredonner. Et les paroles de Don’t Be A Body justifieraient une thèse. Comme tous les chercheurs, il ne trouve pas toujours, et lui-même juge son dernier album, We Must Become The Pitiless Censors Of Ourselves, comme une expérience ratée. Mais c’est une merveille malgré quelques pistes plus… expérimentales. Outre l’émouvant Believer qui le clôt, je citerai Keep Pushing On et Hey Moon comme mes préférées – cette dernière apparaît en passant au début du film Les Rencontres d’après minuit dont la BO est complétée par M83. Enfin, je précise que John Maus a depuis sorti une compilation d’inédits inégale, mais dans laquelle on trouve la chanson portant le meilleur titre au monde : I Don’t Eat Human Beings.

METRIC

Comme beaucoup j’imagine, j’ai découvert le groupe canadien Metric via Olivier Assayas, qui a filmé une performance de Dead Disco pour son film Clean, et qui en a profité pour donner un petit rôle à la chanteuse Emily Haines. Depuis, le groupe est devenu nettement plus connu voire mainstream en signant des chansons pour les films Twilight puis Cosmopolis – ils ont un contrat avec Robert Pattinson ou quoi ? Le groupe a fait partie d’une sorte de mouvement marquant la résurgence de la new wave aux côtés de Bloc Party par exemple, même si la presse française de l’époque, qui confond de toute façon new wave et synth pop comme la plupart des gens, parlait plutôt de The Cure comme inspiration commune – ce que Kele Okereke a d’ailleurs nié – vu que c’est le groupe de new wave le plus populaire chez nous. Après un album joliment punk mais inégal, Metric m’a surtout déçu avec Live It Out (2005), à une période où les groupes de ce « mouvement » assumaient moins leur héritage, comme si c’était (re)devenu vulgaire de faire des mélodies… Du coup, j’ai particulièrement adoré Fantasies (2009) dont j’ai d’ailleurs hésité à tirer Gold Guns Girls pour illustrer l’article. Leur dernier album, Synthetica, s’est fait démolir comme leur second par Magic RPM mais pour le coup, je suis moins d’accord avec eux, même si j’ai eu un peu de mal au début, en particulier avec le single saoulant Youth Without Youth. Comme pour leurs compatriotes d’Austra, j’ai finalement choisi, logiquement, le morceau qui me les a fait connaître :

EDITORS

J’ai découvert ce groupe anglais sur le tard, probablement en entendant le tube Papillon à la radio. Ce single, qui a cartonné sur leur terre natale, n’est pas forcément représentatif de leur style mais ne pouvait que me frapper pour deux raisons : une synth pop assumée à la lisière de l’eurodance, et la voix du chanteur qui rappelle forcément quelqu’un… Par le passé, d’autres ont plus ou moins imité le style particulier de Ian Curtis, comme John Maus ou le chanteur d’Interpol, voire Moby, logiquement dans le cadre de reprises. En revanche, pour ce qui est d’Editors, on est dans le mimétisme pur et simple, et ça pourrait même virer à la caricature si l’imitation n’était pas aussi parfaite. J’avoue ne pas m’être intéressé aux deux premiers albums, mais j’ai adoré In This Light and on This Evening (2009) qui doit rester à ce jour leur plus électronique. Ils en font parfois un peu trop, comme sur le single You Don’t Know Love, sublime durant sa première moitié puis noyé sous une nappe synthé de rock progressif. Je retiendrai surtout deux morceaux successifs, le somptueux Like Treasure – dont les paroles évoquent le final lyrique de Manon d’H.G. Clouzot – et la belle montée en puissance de Eat Raw Meat = Blood Drool, qui ressemble pour moi à ce que ferait Delpech Mode si c’était un groupe sérieux, même si j’aurais du mal à expliquer pourquoi…

A BIGGER SPLASH

La découverte d’A Bigger Splash, sous lequel se cache en fait le compositeur français Xavier Jameaux avec Cosmo Brown au chant, est pour le moins inhabituelle. C’est mon frère qui m’avait signalé que la musique de campagne de promotion des élections européennes de 2009 devrait me plaire. Et il est vrai qu’en général, la simple présence d’une basse mélodique à la Peter Hook sur de l’électro suffit à attirer mon attention – et à me donner envie d’aller voter. Accessoirement, A Bigger Splash est aussi le nom d’une peinture de David Hockney, et celui du documentaire de 1974 à son sujet, mais je ne sais pas si je l’avais vu alors à l’occasion de sa reprise en salles. Après avoir retrouvé le nom de la chanson, j’ai découvert qu’un album Tunes for Teens était sorti un an auparavant et je me suis empressé de l’acheter. Et bien que les autres pistes soient moins New Orderiennes, cela fait partie des albums achetés au pif mais qui m’ont très agréablement surpris dans leur ensemble. Je vous laisse donc avec le vrai clip de Good Girls (Love Bad Boys) qui contient certes moins de Nicolas Sarkozy, mais qui est un montage amusant d’une séquence de Rollerball de Norman Jewison.

THE CRYSTAL METHOD

The Crystal Method est autre exemple qui montre qu’en musique, je ne suis pas forcément la politique des auteurs bien qu’elle guide souvent ma découverte ! Je connaissais le duo de nom, mais j’ai entendu parler de l’album Divided By Night par un article de Magic RPM, ou peut-être de neworderonline, qui mentionnait non seulement deux collaborations avec le bassiste Peter Hook, mais aussi  une autre avec Emily Haines, la chanteuse de Metric ! Il n’en fallait donc pas plus pour me convaincre de me jeter sur cet album, là aussi un coup de chance puisqu’il m’a beaucoup plu dans son ensemble. D’ailleurs, si Come Back Clean featuring Emily Haines ne m’a pas séduit d’emblée, plusieurs autres morceaux m’ont agréablement surpris comme la collaboration avec LMFAO. Toutefois, c’est de la bonne musique de club avec un inconvénient inhérent au genre ; la plupart des chansons mettent une plombe à démarrer pour faciliter la transition pour le DJ. Néanmoins, après plusieurs écoutes, cette lente montée en puissance peut s’avérer jouissive quand on sait ce qui arrive ensuite, d’autant que presque tous les morceaux se révèlent mélodiques sur la durée. On en a un bon exemple avec Dirty Thirty ci-dessous dont la mélodie démarre vraiment à 1’18 » !

GAMES

La découverte de Games est aussi assez inhabituelle puisqu’elle a eu lieu via un mashup appelé Skinemax qui compile de nombreux extraits de films des années 80-90. Le tout est accompagné d’une playlist aux sonorités eighties qui me semble à son meilleur dans la partie centrale débutant environ vers 19’20 », où l’on trouve également Com Truise, Gatekeeper et White Car. Je me suis empressé de récupérer tout ce petit monde, mais si ces derniers jouent sur une corde nostalgique efficace, seul Games a été une vraie révélation. Il est intéressant de noter que la playlist comporte deux extraits de l’EP (Games) That We Can Play qui n’en offre pourtant que six dont un remix signé… Gatekeeper. Si Strawberry Skies est une chouette chanson rétro, kitsch mais très accrocheuse, ce sont toutefois les autres pistes plus instrumentales qui m’ont bluffé, comme Shadows in Bloom ci-dessous. Ce morceau me semble d’autant plus parfait pour un mashup qu’il ressemble à s’y méprendre aux mégamix que l’on entendait à la radio et qui enchaînaient des extraits de tubes du moment. À la différence près qu’il n’est composé d’aucun sample, et pourtant chaque passage a quelque chose de familier – le « moment Gremlins » à 1’33 » – et donne l’impression de faire remonter un souvenir d’enfance oublié – du moins si l’on a grandi dans les années 80…

HOT CHIP

On revient à un groupe moins obscur remarqué vers 2007 quand ce cher Jean-Nicolas me le recommandait chaudement. Mais ce que j’en avais entendu ne m’avait alors pas convaincu, Hot Chip ayant une sorte de préciosité hipster parfois agaçante. Il m’aura fallu l’entendre plusieurs fois à la radio malgré moi – la flemme de me lever pour couper mon radio-réveil – avant de me « laisser faire » par One Life Stand. En passant, le groupe n’aurait pas fait les beaux jours des magazines pour adolescentes type OK Podium, tant ses membres constituent l’éventail complet des physiques d’ingénieurs en informatique : le petit à lunettes, le gros chevelu, le barbu, l’autre barbu, celui qui a l’air beau mais en fait non, etc. Et j’ai évidemment dû rendre les armes lorsque le groupe a signé une collaboration avec le Dieu de l’électro-pop Bernard Sumner, soit le guitariste de Joy Division et le leader de New Order. Et comme on peut le voir à 3’16 » (tiens, tiens…) de la vidéo ci-dessous, le batteur Stephen Morris semble avoir participé. Mais je vous recommanderais plutôt le LP suivant du groupe et le dernier en date, In Our Heads, pour moi l’album de 2012. J’ai du mal avec certains morceaux – ironiquement des singles – à savoir l’agressif Night & Day et le vraiment kitsch Don’t Deny Your Heart et ses orgasmes de tennismen constipés, même s’ils fonctionnent fort bien en live grâce à leurs percussions diaboliques. Mais ce dernier morceau symbolise bien ce groupe qui assume son mauvais goût et exige donc de son auditoire de lâcher prise. How Do You Do?, Flutes, Ends Of The Earth et Let Me Be Him sont superbes tandis que Motion Sickness file la banane avec sa trompette synthétique tout droit sortie de Donkey Kong Country.

PLANET FUNK

Bien que mon frangin ne partage pas mon goût immodéré pour New Order, il m’en a souvent signalé des ersatz comme on l’a déjà vu. Il s’agissait cette fois du premier single Chase the Sun (2000) de Planet Funk, de l’électro-pop avec la basse mélodique qui va bien. J’ai ainsi découvert leurs deux premiers albums, Non Zero Sumness (2002) et  The Illogical Consequence (2005) – et je ne connais pas les trois autres. Comme The Crystal Method, le très mal nommé Planet Funk fait souvent appel à des interprètes invités comme Dan Black du groupe The Servant, dont la voix nasillarde rend hélas certains morceaux du premier album un peu lassants. Il faut dire qu’après avoir longtemps utilisé un discman à l’autonomie problématique, je suis passé par une période de transition où j’écoutais ma musique sur le lecteur mp3 de la Game Boy Micro. Je ne sais plus combien d’albums on pouvait stocker sur la carte SD, mais je me souviens être trop souvent retombé sur les mêmes morceaux, et Planet Funk en a fait les frais. Avec le recul, je continue de préférer le deuxième album qui lorgne plus vers le pop-rock, mais je vous mets quand même le clip de Chase the Sun ; ce morceau permet d’ailleurs de remarquer les petits accents d’italo-disco typiques du groupe italien :

CHRISTINE AND THE QUEENS

Après ce voyage dans les années 2000, on en revient à quelque chose de récent. J’ai entendu pour la première fois la chanteuse française Christine and the Queens via son single Cripple qui passait sur Le Mouv’. J’aimais bien le morceau mais je n’avais pas fait attention à l’auteur, et c’est grâce aux Mireille, une émission qui passait sur cette radio, que je l’ai vraiment découverte. C’est en effet via Stéphanie Cabre et sa bande que j’ai réalisé qu’une seule et même personne se cachait derrière Cripple et le single suivant Narcissus is Back ! Je me suis donc jeté sur Mac Abbey, en réalité le deuxième EP de la chanteuse. Cette dernière en a depuis sorti un troisième ainsi qu’un album, mais j’avoue avoir été moins séduit parce que j’ai entendu. Je n’ai toutefois pas étudié la question en détail et comme je l’ai déjà noté, les singles ne sont pas toujours représentatifs des albums ! Mais je crois que j’accroche moins depuis qu’elle semble chanter davantage en français avec un peu d’anglais, alors qu’elle faisait plutôt le contraire avant… J’aurais bien partagé Cripple mais seul Narcissus is Back, qui réapparaît d’ailleurs sur l’album Chaleur Humaine (2014), a eu droit à un clip :

DIX CHANSONS

Comme vous pouvez vous en douter, quand j’ai lancé l’idée de cet article, j’étais parti sur un top 10 mais j’ai eu énormément de mal à choisir… Et c’est là que je me suis rendu compte que je pouvais me mettre d’accord avec moi-même sur vingt artistes, et même les diviser en deux groupes, selon que je recommande plutôt un album ou une chanson en particulier. Bien entendu, j’aurais pu diviser le tout en deux articles, voire poster un artiste par jour. Mais je me suis dit que ce blog n’était pas un site tenu à une ligne éditoriale et un rythme de parution régulier, donc autant tout réunir au même endroit plutôt que de risquer qu’un lecteur ne tombe que sur une partie de l’ensemble, et rate ainsi une découverte potentielle…

BLACK STROBE/ARNAUD REBOTINI

J’ai en réalité découvert Black Strobe il y a longtemps, plus précisément via le single Me & Madonna (2002) dont le final accompagné par une basse mélodique ne pouvait qu’attirer mon attention… Mais par la suite, j’ai perdu la trace du duo d’autant qu’il y a eu des frictions entre les deux membres et qu’Arnaud Rebotini, seul leader du groupe depuis 2007, fait aussi de la musique en son nom propre. Et ce n’est que récemment que j’en ai réentendu parler via l’EP The Girl From The Bayou, pour moi le single de 2013 ex-æquo. C’est parce que le nom du groupe me disait quelque chose que j’ai pu recoller les morceaux, et je me suis procuré les deux singles déjà mentionnés mais aussi l’album Someone Gave Me Religion d’Arnaud Rebotini. Ce dernier comporte quelques pépites (Another Time, Another Place et Another Dictator en particulier) même si la plupart des morceaux relèvent de la techno pure et dure et ne sont pas assez mélodieux à mon goût. Enfin, même si le prochain album se fait attendre, Rebotini a signé la bande originale du récent Eastern Boys de Robin Campillo.

JOHNNY MARR

Bien que Johnny Marr ait surtout laissé son nom dans l’histoire comme guitariste et compositeur des Smiths, les connaisseurs auront déjà compris que je l’ai connu en premier comme moité du duo Electronic, formé avec Bernard Sumner dans les années 90. Pour les autres : attention, c’est de la dance pure et dure à réserver aux amateurs du genre. Depuis, considéré comme le plus grand guitariste de pop, il a collaboré avec des artistes aussi divers qu’Oasis et Pet Shop Boys, et a même récemment joué de la guitare sur les bandes originales d’Inception et Spider-Man 2 ! Mais en solo, il n’a signé que deux albums en dix ans… Boomslang (2003) a déçu mais offrait quelques belles pistes réminiscentes du dernier album d’Electronic – preuve que Barney ne faisait pas tout. The Messenger a été nettement mieux accueilli, même si je le trouve aussi assez inégal avec le recul. En tout cas, le single Upstarts est très plaisant, mais je retiens surtout l’éponyme The Messenger, qui n’est techniquement pas un single mais qui bénéficie du clip ci-dessous. Et tant mieux car, même si je dois être le seul visiblement – subjectivité oblige – je trouve ça sublime à en chialer :

STUPEFLIP

Comme tout le monde, j’ai découvert Stupeflip avec le single Je fume pu d’shit de 2002 – c’était plus ancien dans mes souvenirs – aux paroles amusantes mais finalement peu représentatif du style certes varié du groupe de rap. Et comme (à peu près) tout le monde, j’ai ensuite oublié son existence jusqu’à récemment, même si dans mon cas personnel, cela a été un peu plus tôt. En effet, la plupart des gens ont réentendu parler d’eux avec leur troisième album, l’excellent The Hypnoflip Invasion (2011) accompagné par l’immense single Stupeflip vite!!!, que je recommande chaudement même s’il est inégal compte tenu de la variété des genres abordés. De mon côté, j’avais véritablement découvert le style de King Ju – l’un des avatars de Julien Barthélémy qui interprète tous les personnages dans la pratique – à travers sa collaboration avec Ed Wood is Dead, un ami d’enfance de mon frère qui avait été sélectionné pour le concours « CQFD » des Inrockuptibles en 2004. Ce morceau appelé La partie commence devait être le premier d’un album concept racontant la transformation de Julien Pauriol en Ed Wood, et évoque donc comment King Ju l’a kidnappé. Je suis sans doute un peu biaisé, mais je trouve l’ensemble (musiques et paroles) franchement jubilatoire :

ARCADE FIRE

Je ne prétends pas faire découvrir Arcade Fire à qui que ce soit, mais il est fort possible que comme moi, vous ayez un peu ignoré le groupe québécois pour son statut d’icône musical des hipsters… Mais indépendamment de cette image, je n’ai de toute façon pas accroché à ce que j’ai entendu d’eux pendant longtemps, sans doute parce que ce n’est pas assez rythmé pour moi. Et un jour j’ai entendu Afterlife à la radio et je suis devenu absolument gaga de ce morceau avant même de savoir qui l’avait composé. Je me suis cela dit vite rendu compte que j’aimais ce morceau pour sa ressemblance avec Temptation, souvent considéré par les fans comme la plus grande chanson de New Order – et je ne suis pas le seul à avoir fait ce rapprochement… Comme j’aimais bien aussi le premier single Reflektor, j’ai acheté l’album éponyme même si j’ai encore du mal à accrocher au reste, hélas. Peut-être dois-je l’écouter encore davantage. En tout cas, cela aurait été tentant de vous proposer la prestation live réalisée par Spike Jonze avec la sublime Greta Gerwig, mais comme le son est moins bon et que je déprime depuis que je la sais en couple avec Noah Baumbach, je préfère vous montrer le clip, reprenant à la manière de celui d’A Bigger Splash des images du film Orfeu Negro, réalisé par Marcel Camus et récompensé de la Palme d’or en 1959.

ALINE

Là encore, j’ai découvert Aline comme beaucoup via le single Je bois et puis je danse (2012), leur premier sous ce nom puisqu’ils s’appelaient au départ Young Michelin. Ce morceau, participant à un retour de la new wave en France avec Lescop ou Exsonvaldes, était plutôt chouette mais je ne l’imaginais pas pour autant être élu single de l’année par les lecteurs de Magic RPM. L’album, qui comporte toutefois d’anciens titres comme l’excellent Elle m’oubliera ou l’instrumental Les Copains, lauréat du CQFD de 2010, était donc très attendu mais j’ai pas mal tardé avant de le prendre. Et c’est surtout la chanson éponyme de l’album Regarde le ciel qui m’a tapé dans l’oreille. Si le premier couplet vient interrompre de manière assez désagréable la sublime partition à la guitare, les paroles laissent heureusement vite la place à la musique puisqu’il n’y a pas de second couplet ! Je ne suis pourtant pas fan de The Cure, mais je trouve le passage qui court de 1’14 » à 2’12 » incroyablement jouissif.

HAIM

Encore un groupe tout simplement découvert à la radio, ce qui a été en l’occurrence une très bonne chose car je n’ai eu aucun préjugé vis-à-vis de son identité. Ça a même été un sacré choc quand j’ai découvert que cette voix grave, qui chante un morceau façon Madonna old school, devait avoir à peine 23 ans au moment de l’enregistrement. Car oui, il s’agit en fait de trois sœurs californiennes, mais qui ont intégré très jeunes le groupe de leurs parents jouant des reprises de Fleetwood Mac ou des Eagles, d’où une grande maturité de style. Après avoir hésité, vu que le quatrième single The Wire sonne comme du Shania Twain, j’ai quand même pris l’album Days Are Gone d’autant que Magic RPM en avait signé une critique très élogieuse. J’y ai par chance trouvé d’autres très bons morceaux comme Falling, If I Could Change Your Mind ou Days Are Gone, d’autant que j’apprécie qu’on sente que l’aînée du trio soit aussi la bassiste… Néanmoins, le single Forever reste au-dessus du lot et même si je vous en ai déjà trop dit, vous auriez peut-être intérêt à fermer les yeux :

OWLLE

Encore un single entendu sur Le Mouv’, en l’occurrence Ticky Ticky, le premier single d’Owlle – qui se prononce « Oh-li » si je ne m’abuse. Celle-ci s’inscrit dans la désormais grande tradition des chanteuses d’électro françaises formées aux beaux-arts, sans doute dans la lignée de Miss Kittin. Elle aussi lauréate du prix Inrocks Lab en 2011, le nouveau CQFD, la rousse travaille aussi bien son personnage et son image que sa musique – il faut dire qu’on n’a pas trop le choix quand on s’appelle en vrai France Picoulet… Elle a aussi très bien géré sa promo, avec des reprises live bluffantes (Depeche Mode, Kate Bush). Après un EP assez réussi, dont le titre Disorder distribué gratuitement, elle vient de sortir un album convaincant avec pas mal de singles en puissance, comme Creed, mon morceau préféré.

SMALL BLACK

Et c’est aussi « bêtement » à la radio que j’ai découvert Real People du groupe new-yorkais Small Black. Je me suis alors rendu compte qu’ils avaient déjà sorti deux albums auparavant que j’ai hésité à prendre en même temps que ce nouvel EP. Il faut dire que j’avais eu le dilemme récemment avec celui de WhoMadeWho ; impatient d’attendre l’album correspondant, je me suis rabattu sur le précédent. Je n’en ai pas été déçu pour autant, mais c’est toujours un risque en quelque sorte. Dans le cas de Small Black, je n’ai a priori rien contre la chillwave, de l’électro à la fois estivale et mélancolique démocratisée par Washed Out, mais en écoutant d’autres morceaux, je me suis demandé si le chanteur invité sur Real People, Frankie Rose, n’était finalement pas meilleur que celui du groupe…

FM BELFAST

Comme pour Christine and the Queens, j’avais déjà entendu plusieurs fois Par Avion dans la matinale du Mouv’, mais ce sont les Mireille qui ont particulièrement vanté les mérites de cette chanson festive, comme elles l’ont fait aussi pour l’excellent 212 d’Azealia Banks, que j’aurais hésité à mettre dans cette sélection si j’avais effectivement acheté le morceau. Là aussi, j’ai pris le risque d’acheter l’album entier du groupe islandais, qui est fort sympathique en dehors d’une reprise sacrément poussive de Pump up the Jam, même s’il faut peut-être saluer l’exploit d’avoir rendu le tube de Technotronic aussi chiant…

SIA

Et on finit par la chanson qui a motivé cet article ! Il faut dire que sa découverte est pour le moins aléatoire. Je connaissais déjà Sia par son single Clap Your Hands (2009), mais c’est bien tout ce que j’avais entendu d’elle, et je ne savais peut-être pas qu’elle avait un CV épais comme un annuaire tant elle a écrit les chansons d’à peu près toutes les stars de la musique… Mais il y a peu, en entendant le nouveau single de Coldplay à la radio, constatant que c’était la musique de générique du foot sur TF1 durant la Coupe du Monde, je me suis dit que cela ferait une bonne blague pour les réseaux sociaux d’accuser une nouvelle fois le groupe anglais de plagiat… Et c’est en cherchant le clip que j’ai aperçu, en colonne de droite, celui de Chandelier. Je ne sais plus trop comment ça s’est passé ensuite ; je n’ai pas tellement fait attention au clip mais j’ai été subjugué par la chanson et je suis tombé sur une prestation live dans l’émission d’Ellen DeGeneres. Or, non seulement ce morceau est glaçant avec son chant déchirant, mais entre la danse anxiogène de la petite fille de 11 ans – également dans le clip mais cette fois live – et le fait que la chanteuse tourne le dos au public sans que l’on sache pourquoi – ses problèmes de santé remontent à 2010 – ça file la chair de poule… Enfin à moi en tout cas. Je me suis jeté sur l’album qui n’est peut-être pas entièrement du même niveau, mais Sia a quand même une voix absolument unique…

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