Comme j’ai déjà eu l’occasion de le raconter dans un précédent article, l’adaptation de Shinobi (1987) avait été ma principale raison de choisir une Master System, pour la bête raison que j’étais fan de ninjas et que c’était le seul jeu du genre dont j’avais alors entendu parler… Ma vie ou du moins mon parcours de joueur aurait donc été tout autre si j’avais vu Ninja Gaiden (1988) sur NES ou Ninja Spirit (1990) sur PC Engine ! Et comme je l’avais aussi expliqué, j’ai dû me contenter dans un premier temps de cartouches à 99 Francs et, comme celle-ci devait être à 299 F, je ne l’ai pas eu tout de suite ; cela a dû être mon septième jeu après Golden Axe (1989), le premier « plein tarif ». Mais autant j’ai adoré ce dernier malgré les limitations de cette version, autant j’ai presque regretté mon achat avec Shinobi… Car il était trop difficile pour le joueur encore débutant que j’étais. Il faut savoir que l’une des raisons qui me confortait dans le choix de la Master System plutôt que la NES, c’était que je trouvais les jeux plus faciles sur la 8-bit de SEGA, car il s’agissait de portages de jeux d’arcade bien souvent. Et paradoxalement, même si ces derniers sont conçus pour inciter à enchaîner les crédits, ils font (en général) réapparaître le joueur là où il est mort s’il perd un crédit – le privilège du riche. Et je supportais très mal de devoir revenir au début du niveau dans les Mario ou Batman typiquement… Or l’adaptation de Shinobi avait été en quelque sorte consolisée, même si cela signifie également qu’on dispose d’une jauge d’énergie au lieu de mourir en un seul coup comme en arcade. Mais c’est un autre choix de design qui m’a gâché le jeu.
Et c’est un système ultra-classique, que j’ai coutume de baptiser « le syndrome Gradius » mais que l’on trouve dans beaucoup de jeux vidéo, un système profondément injuste qui récompense les joueurs doués et enfoncent encore plus les mauvais. Prenons un exemple célèbre : Super Mario Bros. (1985). Si vous cognez un bloc à champignon alors que vous êtes déjà grand, vous obtenez la fleur de feu. Et là, le jeu devient beaucoup plus facile, en particulier sous l’eau et même si ce n’est pas très réaliste. Mais à la moindre erreur, vous allez perdre vos précieuses boules de feu et ça va devenir beaucoup plus difficile. Du coup, vous allez sans doute mourir et devoir recommencer petit, ce qui signifie que récupérer une fleur de feu demandera aussi plus d’efforts. La double peine. Mais si l’on cite souvent Gradius comme exemple, c’est parce qu’il fait partie de ces jeux où les power-ups s’accumulent encore plus ; quand vous avez la vitesse et l’arsenal au maximum avec quatre options qui vous protègent, ça devient presque enfantin. Mais si vous mourrez, vous perdez tout et au-delà du premier niveau, autant éteindre la console car le challenge est devenu trop élevé pour se refaire…

Quand ma naïveté se heurte au mur des réalités de la vie…
Eh bien dans Shinobi, ce seuil n’est pas le deuxième niveau mais le boss du troisième, Mandara. Un mur de statues de bouddha qui s’avance lentement mais sûrement vers vous, jusqu’à vous pousser contre la barrière électrique qui vous tuera. La seule solution est donc de détruire rapidement toutes les statues les unes après les autres, sachant que lorsque l’une d’entre elles disparaît, celle du dessus prend sa place et il faut donc éliminer une colonne entière avant de pouvoir s’attaquer à la suivante… Malheureusement, il faudra réussir du premier coup à cause du système de power-ups du jeu. Joe Musashi débute en effet avec des shurikens lents et, chaque fois qu’il ramasse des bonus, ils deviennent de plus en plus rapides et puissants avant d’être carrément remplacés par un pistolet. Et même avec le meilleur arsenal, il y a sans doute une technique pour accélérer le processus comme tirer en sautant pour attaquer plusieurs statues en même temps. Mais si vous échouez, vous ne revenez pas au début du niveau ; vous recommencez devant le boss, avec votre puissance réinitialisée toutefois. Et ayant eu pas mal de vies à écouler pour tenter ma chance avec des shurikens tellement lents qu’ils ne devraient pas pouvoir rester en l’air, c’est impossible. Autant éteindre la console. Néanmoins, je continue d’espérer secrètement que quelque chose m’ait échappé parce que j’étais trop petit. Si vous avez des tips à partager en commentaire, n’hésitez pas.