Avec un tel titre, on penserait de prime abord que je vais évoquer un souvenir de jeu vidéo mais non, je reviens au cinéma – j’essaie d’alterner un minimum – avec une autre séance qui m’a profondément marqué. Ce faisant, je viens à l’instant de réaliser que plusieurs des films qui m’ont traumatisé entretiennent un rapport étroit avec l’eau : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin (1986, la séquence de l’ascenseur), Le Grand Bleu (1988) et donc Abyss (1989). D’ailleurs, j’aurais sans doute adoré le dernier Guillermo Del Toro si j’avais encore huit ans… Mais au risque de passer pour le vieux con que je suis réellement de toute façon, il me semble qu’on ne fait plus beaucoup de films comme celui de James Cameron. Outre son rythme implacable, mais que l’on trouvait déjà dans Terminator (1984) et que l’on reverra dans Titanic (1997) notamment, peu de films parviennent à maintenir le mystère à ce point. Il faut dire qu’il n’y avait pas Internet à l’époque et que, à vrai dire, je n’avais pas la moindre idée de ce que j’allais voir d’autant que c’était ma sœur, pour la première et sans doute la dernière fois, qui m’avait emmené au cinéma.
Le long-métrage commence en plus par une séquence assez éprouvante de sous-marin qui coule, qui aurait tout autant sa place dans un film de guerre, un James Bond ou autre. La scène est tellement prenante que je donnais sans m’en rendre compte des coups de pied dans le fauteuil de devant, dans lequel se trouvait un petit garçon encore plus jeune que moi il me semble. Ma grande sœur a dû être horriblement gênée de s’excuser plusieurs fois auprès de sa mère, car il n’y avait rien à faire ; ma jambe se levait par réflexe myotatique, comme si une main invisible (celle de James sans doute) donnait des coups de marteau sur mon genou. Cela n’a pas perduré au-delà de cette séquence introductive cela dit, mais elle est plutôt longue si mes souvenirs sont bons… Pour voir le bon côté des choses, j’ai en quelque sort offert une séance en 4D à mon voisin de devant, même si les interventions de sa mère ont dû le sortir de l’ambiance. Et puis il a été bien « vengé » car des coups de pied dans le fauteuil au cinéma, je m’en suis pris quelques dizaines depuis, et même pas pendant des films spectaculaires… Je me souviens aussi que mon voisin faisait vibrer notre accoudoir commun lors de la projection de Gravity (2013), mais j’avais trouvé que ça enrichissait l’expérience pour le coup !

Sans doute la premère fois que je voyais de la synthèse au cinéma…
En tout cas, après cette entrée en matière marquante, le film suit à peu près le schéma d’un film d’horreur de l’époque, mais enchaîne les péripéties sans discontinuer si bien que, premièrement, cela ne laisse ni le temps de s’ennuyer, ni de réfléchir à ce qu’il se passe et, deuxièmement, cela permet de lancer plein de fausses pistes. On se doute certes rapidement que ce ne sont pas les Russes et qu’il y a du fantastique là-dedans mais, même là, le film déjoue les attentes de manière d’ailleurs risquée. Aujourd’hui, certains ont tendance à moquer son final écologique un peu niais, dont il ne reste de toute façon pas grand-chose dans la version courte, mais il est toujours dommage de réduire un film à une fin ratée ou du moins maladroite. C’est bien évidemment oublier tout ce qui précède, dont la séquence ahurissante pour l’époque du serpent d’eau ci-dessus. Outre le fait que là encore, on ne sait pas trop s’il y a danger ou pas, ni à quoi peut ressembler l’entité qui produit cela, il faut bien avoir conscience qu’on ne parlait alors pas encore d’images de synthèse. Je me souviens d’ailleurs m’être demandé comment ils avaient fait d’autant qu’à la fin de la scène, le méchant referme la porte sur le serpent et l’eau tombe au sol d’un coup… Mais le plus dingue est que le film n’est pas encore disponible en Blu-ray ! Convertis le en 3D si tu veux, James, mais sors-le !